«En démocratie, la politique est l´art de supprimer les mécontentements.» Louis Latzarus - Extrait de La Politique A l´approche des élection législatives en Egypte prévues pour le 28 novembre, Al Jazeera consacre chaque jour des reportages importants, consacrant une large place à l´électorat et aux candidats islamistes issus du mouvement des Frères musulmans, créé par Hassan El Bana. Al Jazeera a même conçu une page spéciale avec, au générique, l´image du Parlement égyptien. La chaîne qatarie qui dispose d´un bureau important au Caire, avec deux ou trois correspondants permanents et autant de free-lance, a largement couvert les tensions entre les chrétiens coptes et les forces de l´ordre sur la controverse de la construction d´une église au Gizeh. Elle a surtout couvert, au grand mécontentement des autorités locales égyptiennes, la répression des forces contre les candidats islamistes du mouvement des Frères musulmans. Cette couverture des événements politiques en Egypte, a contraint le président égyptien à se déplacer en personne à Doha, pour stopper la machine médiatique qatarie, le 24 novembre dernier. Il était précédé par la visite du ministre d´Etat aux conseils parlementaires, Moufid Chiheb. Les observateurs voient dans ces visites, un certain malaise entre Doha et le Caire et une volonté de discussion sur la politique de la chaîne qatarie Al-Jazeera en matière de couverture des affaires égyptiennes. Yasser Abdelaziz, un spécialiste des médias, indique que les expériences passées montrent que l´amélioration des relations entre le Qatar et les pays de la région influence clairement la nature de la couverture d´Al Jazeera. Il cite la manière dont la chaîne aborde d´ores et déjà les affaires saoudiennes, et aussitôt certains différends entre l´Arabie Saoudite et le Qatar étaient aplanis. La chaîne n´a pas néanmoins changé dans sa couverture des élections parlementaires. Après qu´elle ait invité le président Moubarak, le journaliste Ahmed Mansour a invité le guide général des Frères musulmans, Mohamed Badiî, dans son émission «Sans frontières». Ce dernier a dit du parti national au pouvoir qu´il a développé une «addiction à la falsification», et qu´il ne respecte pas la compétition loyale dans les élections. Pour Samir Omar, chef du bureau d´Al Jazeera au Caire, la couverture de la chaîne n´est pas différente de celle des journaux égyptiens. Ceci au moment où Reporters sans frontières est sans nouvelles de Attia Mohamed Mahmoud Abu-l-Ela, free-lance auprès du bureau international d´Al Jazeera au Caire. Le journaliste a couvert les violences commises par la police et les partisans du Parti national démocrate (PND), à l´encontre de leaders politiques de l´opposition et de leurs militants lors d´un meeting électoral tenu dans la province d´Al-Sharqiya, le 20 novembre dernier. L´organi-sation est très inquiète sur le sort réservé à ce journaliste et demande sa libération immédiate. Les élections législatives en Egypte risquent de connaître une grande percée des Frères musulmans, principal groupe d´opposition au Parlement, avec 88 élus sur 454. Les islamistes bénéficient d´un renfort de taille: «El Gamaa» un feuilleton qui a été diffusé pendant le mois de Ramadhan par la télévision d´Etat. Le feuilleton à qui l´Etat a consacré 3 millions d´euros, devait écorner l´image d´Al Ikhwan en les montrant sous leur pire visage, mais le feuilleton a produit l´effet inverse. Largement suivi par les téléspectateurs égyptiens, la série a remis Al Jamaâ des Frères musulmans au goût du jour. Après la rupture du jeûne, la population ne parlait que des Frères musulmans et de leur combat contre des régimes trop impopulaires. [email protected]