Où va notre société? Comme on pourrait se demander où va l´Algérie? Le nombre d´escrocs augmente si bien que l´on pourrait alors... Qu´est-il donc arrivé à ce Rabah de Khemis El Khechna d´être pris comme un lapin dans la rue avec une énorme somme que réclame Abdelhamid R. qui a alerté un policier du vol d´une somme d´argent dans la semaine fraîche de novembre 2010? Rabah Z., ce jeune, prétend à la barre du tribunal de Rouiba (cour de Boumerdès) avoir joué au fanfaron avec la pseudo-victime, en l´occurrence ce R. Abdelhamid en exhibant le montant de la paie qu´il venait d´encaisser. «Pourquoi? Etiez-vous obligé de brandir quinze mille dinars à la face de la victime? Dites-nous ce qui s´est passé dans votre tête», balance gentiment le président de la section correctionnelle. «Je ne sais pas réellement ce qui m´a pris. Nous discutions de tout et de rien puis j´ai voulu m´amuser avec lui. Je ne l´ai pas volé, je le jure...» «Non, non, non, ici, on ne jure pas, on dit la vérité», coupe le président visiblement dérangé par cette affaire où manque une pièce capitale: les preuves ou les témoins. Sinon chaque gus peut crier au vol à tout moment et nous aurions alors la moitié de la population poursuivie pour vol, fait prévu et puni par l´article 350 du Code pénal. C´est au tour de la victime de se plaindre. Calmement, il raconte comment Rabah a eu l´outrecuidance de mettre sa main dans la poche de la veste pour s´emparer du fric, une liasse de billets roses. Le juge a le visage ferme. Il en a tellement entendu durant sa fraîche carrière qu´il est obligé de ne pas plonger dans le bassin aménagé par la victime. «Où étiez-vous au moment du vol?» demande doucement le magistrat qui obtient un timide: «Dans la rue.» «Y avait-il du monde? Y a-t-il quelqu´un qui l´a vu vous voler?» insiste le juge. «Non, ça s´est passé si vite que l´on n´y voit que du feu», répond la victime qui n´est plus à l´aise depuis un petit moment. Le juge revient sur les témoins. «Dans la rue, il y a du monde à cette heure de la journée. Vous n´aviez pas crié, protesté pour juste attirer l´attention des gens?» articule posément le magistrat. «Ici, à Rouiba, personne ne vous secourt. Chacun pour soi. C´est une ville cosmopolite, si mélangée que personne ne regarde à côté...», répond gauchement les victime qui va se faire tirer les oreilles par un juge rongé par le nationalisme positif. «Ecoutez, le tribunal pose des questions en vue d´arriver à la vérité et ne cherche nullement à entendre des commentaires à la limite de l´outrage. Rouiba n´est pas une cité cosmopolite unique. Et puis Rouiba la Verte mérite plus de considération. Ce que par contre, le tribunal a retenu, c´est que vous n´avez pas de témoins.» tranche dans le vif ce jeune juge brun qui prie le parquetier de requérir. «Deux ans d´emprisonnement ferme et une amende de vingt mille dinars», avait marmonné le procureur qui s´était exprimé juste après les demandes de la victime: «Mes quinze mille dinars. C´est tout ce que je veux.» Enfourchant un véritable étalon noir, la jeune avocate allait foncer sur l´inculpation et la bévue du ministère public qui a ordonné le mandat de dépôt sur du «pipeau» en l´absence de preuves et de témoins. «Ce qui tue, le président et agace la défense, c´est cette absence de logique qui veut que le juge du siège va droit vers le droit et le respect de la loi. Pourquoi ya Allah, êtes-vous resté sur cette importante question qui tourne autour des témoins? Des témoins qui n´existent pas pour une raison simple: Rabah n´a pas volé. Il a seulement montré la somme (sa paie) à ce pauvre bougre de Zaouch (un drôle d´oiseau en argot). «Maître, voyons», coupe le juge qui préfère sourire après le léger dérapage pas si méchant...L´avocate reprend: «Il a seulement montré la somme (la paie) à la victime qui nous a servi une version qui devrait connaître son épilogue par une relaxe pure et simple. Et savez-vous pourquoi, M. le Président? Mon client à un casier aussi vierge qu´une déesse de l´Olympe à Athènes (Grèce). (rires dans la salle, y compris le procureur qui devait maudire la sainte indivisibilité du siège du ministère public qui veut que ce soit une chèvre même si elle vole...» A l´issue d´une courte mise en examen, le verdict a été une peine de un an de prison ferme. L´appel a été décidé. Rendez-vous à Boumerdès...