«Il faut tout dire. La première des libertés est la liberté de tout dire.» Maurice Blanchot "Extrait de L´entretien infini" Décidément, rien ne va plus entre la chaîne du Qatar Al Jazeera et certains pays du Monde arabe. Ainsi, après l´Algérie, le Maroc et l´Irak, c´est au tour du Koweït de fermer les bureaux de la télévision Al-Jazeera dans le pays et lui retirer son accréditation, après qu´elle ait donné la parole à un député de l´opposition. La chaîne a expliqué avoir été accusée par le Koweït de s´immiscer dans les affaires internes du pays. Le ministère koweitien de l´Information a justifié la fermeture de la chaîne du fait que cette dernière n´a pas tenu compte d´avertissements lui demandant de ne pas couvrir les derniers événements politiques dans le pays. Mais les images qui créent la tension entre le Koweït et la châine qatarie, c´est celles qu´Al Jazeera avait diffusées la semaine dernière montrant la police frappant violement des députés de l´opposition et des militants lors d´une réunion portant sur la répression des libertés par le gouvernement. Il faut dire que le traitement de la liberté des droits de l´homme par Al Jazeera dérange énormément certains pays, dont la situation des droits de l´homme laisse à désirer. Ces pays redoutent surtout une concentration du phénomène sur la chaîne arabe. Surtout après la signature d´un accord entre l´Unesco et la chaîne satellitaire Al Jazeera en vue de promouvoir la liberté d´expression et l´accès à l´information dans le Monde arabe. La directrice générale de l´Unesco, Irina Bokova, et le directeur général d´Al Jazeera, Wadah Khanfar ont signé cet accord à Doha lors de la visite officielle d´Irina Bokova dans ce pays à l´occasion du Sommet mondial sur l´innovation en éducation, qui s´est tenu du 7 au 9 décembre à Doha. La Charte des Nations unies défend les droits de l´homme et les libertés fondamentales pour tous. En tant que source d´information de premier plan, dans le monde arabe et au-delà, Al Jazeera est bien placée pour défendre ces principes dans cette région, a affirmé la représentante de l´Unesco. Cette annonce entérine une nouvelle phase de compromission de la grande organisation mondiale pour l´éducation avec l´une des chaînes les plus hostiles aux droits de l´homme (et de la femme) au monde. La défense de la liberté d´expression et la sensibilisation à ce principe sont les éléments-clés de l´accord. Le partenariat travaillera sur l´état de la liberté d´expression dans la région arabe et diffusera les résultats à travers les programmes et les journaux d´Al Jazeera. La Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, sera le grand moment de cet accord de deux ans. L´Unesco et Al Jazeera travailleront de concert pour préparer une série d´événements à cette occasion, notamment des films documentaires et des expositions de photo-journalisme. En vue d´encourager la liberté d´expression, un trophée sera remis lors du Festival international Al Jazeera du film documentaire, prévu en avril prochain à un correspondant ayant fait preuve d´un courage et d´un professionnalisme exceptionnels à l´occasion de la couverture d´un conflit armé ou d´une catastrophe naturelle. Le prix sera financé par Al Jazeera et l´Unesco figurera dans le comité de sélection. [email protected]