La symbolique solidarité de ce simple citoyen est mieux appréciée par ce sinistré. L'élan de solidarité et d'entraide qui a marqué et marquera à l'avenir la société algérienne dans toutes ses composantes, demeurera le socle indestructible qui fait l'unité, la force et la cohésion de la nation, particulièrement dans les épreuves douloureuses qu'elle a affrontées et continue d'affronter avec courage et dignité. C'est ainsi que l'Ugta a lancé un nouvel appel et ce, à titre individuel aux «travailleuses et travailleurs, affiliés ou non à l'Union afin qu'ils expriment toute leur solidarité aux familles algériennes endeuillées en leur apportant l'aide appropriée dans les plus brefs délais». Quant à l'Agea, elle invite l'ensemble de «ses membres et tout autre opérateur économique à travers le territoire national à lui communiquer les moyens matériels en vue d'intervenir sur les zones sinistrées pour des opérations de déblayage et de sauvetage». En effet, outre les moyens mis en oeuvre par l'Etat, l'heure est à l'urgence à ces nombreuses familles qui luttent quotidiennement pour leur survie. Le volontariat, principe ancré dans nos moeurs, reste «l'arme» d'attaque du peuple algérien dans les circonstances de «malheur» collectif. On se rappelle les tremblements de terre qui ont ébranlé El-Asnam, Aïn Témouchent ; les pluies diluviennes qui ont entraîné Bab El-Oued vers les eaux de la Méditerranée et la solidarité individuelle qui a été au diapason des attentes des sinistrés. Le citoyen a agi avec «coeur» dans ces moments difficiles et ses actions s'inscrivent dans la symbolique de la culture populaire. Aujourd'hui, plus que par le passé, cette générosité du citoyen algérien s'est vite retrouvée sur le terrain dans les wilayas d'Alger et de Boumerdès affectées par le séisme de mercredi dernier. A l'échelle nationale, une multitude de bureaux, de locaux, des fois même des «taudis» de fortune sont mis à la disposition des âmes charitables pour y déposer leurs dons. La générosité de l'individu à «tendre la main» au plus nécessiteux fait le maillon de cette chaîne de solidarité inébranlable et s'avère un moyen des plus efficaces pour gagner du temps et éviter par là, toute forme de spéculation, de vol ou de détournement. Ainsi, le simple citoyen préfère passer par ce circuit traditionnel mieux «huilé» pour échapper à la pesanteur administrative. Les sinistrés ont faim. Ils ont soif. Ils sont désemparés à tel point que le discours politique, même si celui-ci reste confiant, clair, limpide et prometteur, l'aide individuelle est plus prisée. Il s'agit là d'une certaine mentalité acquise sous-tendue par des réflexes qu'on attribue généralement à «un noyé à la recherche d'une planche de salut». Il est évident, cependant, de reconnaître que la tâche n'est pas du tout facile aux organisateurs dans la distribution des biens matériels et de consommation. Habitués à des pénuries chroniques et agissant par réflexe du «tout pour moi», le sinistré se crée un «monde absurde» autour de lui. Il risque de perdre tout comme il peut gagner le gros lot. Cette situation anachronique de l'Algérien rend difficiles l'acheminement et la distribution des dons sur le terrain par l'administration. Là, le rôle actif du citoyen et ce, à titre individuel, peut s'avérer très efficace et porteur de beaucoup d'espoirs au sinistré. Les vieux réflexes et la culture populaire assimilée retrouvent leur vivacité et s'accommodent mieux à ces situations anarchiques et désorganisées. L'effort individuel attire mieux la récompense et met en relief tout «ce geste louable de ce citoyen même inconnu». Ainsi, à travers toutes les localités du territoire national dans les quartiers les plus reculés, on assiste à cette chaîne de solidarité. Des locaux ont ouvert leurs portes pour recevoir les dons qui seront acheminés vers les zones sinistrées. Toute la population a répondu à l'appel lancé par les organisations politiques, sociales et les associations de citoyens pour apporter aide et assistance à leurs frères.