ce chercheur a prévu d'autres séismes dans le monde et pas spécifiquement en Algérie. L'étude du professeur Bounatiro, chercheur au Craag, a soulevé un tollé général dans les milieux scientifiques algériens. Dans sa contribution, le scientifique affirme que «la nouvelle lune prochaine aura lieu le 31 mai 2003 à 5h20 min du matin et de fortes secousses à l'échelle mondiale sont à prévoir autour de cette date.» Les dates retenues par Bounatiro «pour d'autres secousses sont la nuit du 4 au 5 juin (...) la nuit du 13 au 14 (...) la nuit du 22 au 23 juin». Cependant, la polémique est sortie de son cadre strictement scientifique pour générer une panique générale dans tout le centre du pays. Dans sa contribution publiée par L'Expression, le Pr Bounatiro a donc prévu d'autres séismes dans le monde et pas spécifiquement en Algérie. Il a émis, à ce propos, une théorie scientifique qui veut que la planète traverse, ces derniers mois, une crise sismique. Donc c'est tout le globe terrestre qui est soumis à une activité tectonique extraordinaire de sorte que nous ne sommes pas devant un schéma sismique classique. La théorie du professeur vaut ce qu'elle vaut au plan scientifique, mais il est essentiel que le débat ne prenne pas des directions autres que le cadre qui devrait lui être réservé. Une interprétation biaisée de la contribution du Pr Bounatiro ne peut avoir que des conséquences néfastes sur l'opinion publique et sur la qualité du travail du scientifique algérien. Car quoi qu'on en dise, les centres de sismologie dans le monde, notamment ceux implantés aux Etats-Unis, ont enregistré entre le 31 mai et le 1er juin 5 séismes dont les magnitudes varient entre 4,1 au Chiapas au Mexique, et 5 degrés sur l'échelle de Richter au sud de Java en Indonésie. Cela en plus de la secousse d'une magnitude de 4,2 ressentie hier après-midi dans le centre-est de l'Italie. Y a-t-il une corrélation entre la théorie de Bounatiro et ces secousses sismiques? Il n'y a, en fait, pas de réponse à cette question présentement, mais d'ores et déjà, on peut affirmer que, «crise sismique» ou pas, l'Algérie n'a pas été victime d'un nouveau tremblement de terre. Cela dit, Bounatiro, au même titre que tous les autres sismologues de par le monde, est d'accord sur un point, à savoir que le nord de l'Algérie est situé sur une faille terrestre et qu'à ce titre, un tremblement de terre peut survenir à n'importe quel moment, sans qu'aucune éminence scientifique soit en mesure d'en prévoir avec exactitude le lieu et le moment. Le professeur Bounatiro a, dans son étude, affirmé que la planète entrait dans une phase sismique instable, mais n'a, à aucun moment, déclaré que l'épicentre de l'important séisme qu'il prévoit serait à Alger ou en Algérie. Il est tout de même regrettable que des responsables du Craag se soient manifestés à l'endroit du Pr Bounatiro avec une animosité qui frise la diffamation et l'injure, en le traitant de «charlatan». Oublient-ils qu'ils ont mis toute une semaine à «réajuster» la magnitude du dernier séisme en le faisant progresser de 5,2 à 5,8 puis à 6,2, etc., alors que les sismographes du monde avaient donné la vraie magnitude aussitôt après la secousse du 21 mai.