Des milliers de partisans du pouvoir ont manifesté hier à Amman, après la prière, pour exprimer leur loyauté au roi Abdallah II, alors que 200 manifestants, islamistes et partisans de gauche, se sont rassemblés pour demander des «réformes du régime». Dans un jardin public au nord-ouest d´Amman, ils étaient des milliers à montrer leur allégeance au roi, brandissant des portraits géants du souverain et des banderoles où l´on pouvait lire «appel au devoir, appel à la nation», «les réformes passent par la loyauté aux Hachémites» (famille royale jordanienne). Ils ont chanté et dansé dans une ambiance de kermesse. Au même moment, près de 200 manifestants, islamistes et partisans de gauche, se sont rassemblés pour demander des «réformes du régime» et la fermeture de l´ambassade d´Israël. «Le peuple veut des réformes du régime», «Non à l´ambassade de l´entité sioniste sur le sol jordanien», scandaient les manifestants devant la mosquée Al-Kalouti, dans un quartier résidentiel de la capitale qui abrite l´ambassade d´Israël. La manifestation, à l´appel des islamistes pour réclamer des réformes, voulait également célébrer le 43e anniversaire de la bataille de Karameh, survenue après l´attaque par l´armée israélienne du camp palestinien de Karameh en Jordanie. La police a encadré le rassemblement, qui s´est dispersé dans le calme. Par ailleurs, des jeunes Jordaniens ont poursuivi hier leur campement sur une place à Amman, en dépit d´une attaque par un groupe de partisans du pouvoir qui a fait une trentaine de blessés dans la nuit. Des centaines de jeunes s´étaient rassemblés jeudi sur la place «Gamal Abdel Nasser» où ils avaient dressé un campement pour appeler le régime jordanien à des «réformes» et au «jugement» des dirigeants corrompus. A la tombée de la nuit, la police a tenté de les disperser, puis a coupé le courant électrique, ce qui a permis à une cinquantaine de partisans du pouvoir de les attaquer en lançant des pierres. Une trentaine de membres des «jeunes du 24 mars», un groupe de différentes tendances, y compris des islamistes, ont été légèrement blessés dans l´attaque et trois d´entre eux ont été hospitalisés, selon les organisateurs. La police n´est pas intervenue, selon des témoins. «Ils font tout pour nous pousser à partir. Hier (jeudi) ils nous ont attaqués avec des pierres, mais nous ne bougerons pas quoi qu´il arrive», a déclaré Saddam Basraoui, un étudiant de 21 ans. En Jordanie, où des manifestations se poursuivent depuis trois mois, l´opposition islamiste ainsi que les mouvements de gauche et nationalistes, n´ont pas appelé à un changement de régime, mais à de profondes réformes politiques et à la fin de la corruption. Le dialogue national entamé en Jordanie peine à réaliser des progrès, la puissante opposition islamiste ayant refusé de s´y joindre.