Des tueries qui s'identifient à un génocide programmé. On n´en parlera jamais assez. La soldatesque française d´occupation sème l´enfer, un certain 8 mai 1945, particulièrement dans les villes de Sétif, Guelma, Kherrata et leurs alentours. La seconde «armistice» venait d´être «signée» par le corps militaire d´occupation de l´Algérie, le premier consacrant plutôt la capitulation allemande, l´ayant été le même jour à Reims (France) entre les alliés occidentaux victorieux et le Allemands vaincus. Que dire? Quelle plume pourrait décrire l´indicible horreur? Viols, femmes et enfants massacrés, hommes enfumés ou emmurés dans des grottes...Quelques rares témoins encore en vie, adolescents à l´époque, n´ont de cesse de raconter l´innommable... L´histoire, elle, continue d´être témoin. Ainsi, les implications des massacres du 8 mai 1945 en Algérie, sur la culture et la politique, seront débattues lors de la 9e édition d´un Colloque annuel sur ces événements. Le recteur de l´université de cette ville, qui abritera dimanche et lundi prochains cette rencontre, a indiqué que ce colloque international coïncidera avec l´organisation à Guelma des cérémonies officielles commémorant le 66e anniversaire de ces massacres. Plusieurs personnalités politiques nationales de premier plan ainsi que des historiens étrangers y assisteront. Parmi les participants étrangers, il a cité, notamment, Gilles Manceron, historien français et vice-président de la Ligue des droits de l´homme. Son intervention portera sur «Les massacres du 8 mai 1945 et du 20 août 1955 par l´armée française, la reconnaissance des crimes (par la France) et l´écriture de l´Histoire.» Le professeur Hamad Ben Khemiss Salem El Jawhari, du Sultanat d´Oman, interviendra quant à lui sur «L´impact des événements du 8 Mai 1945 sur le Monde arabe». Le Dr Ayman Salama de l´université du Caire (Egypte) traitera, pour sa part, des «Conséquences politiques des massacres du 8 mai 1945 en Algérie». La participation algérienne à ce colloque sera assurée, notamment, par les professeurs Aboulkassem Saâdallah et Larbi Zoubeïri, historiens, ainsi que par l´ex-ministre de la Communication, Lamine Bechichi et Abdelmadjid Chikhi, directeur des Archives nationales. Il faut attendre le 27 février 2005 pour que, lors d´une visite à Sétif,, l´ambassadeur de France à Alger, qualifie les massacres du 8 mai 1945 de «tragédie inexcusable». Cet aveu constitue la première reconnaissance officielle par la République française de sa responsabilité dans les massacres. Son successeur a déclaré à Guelma, autre ville martyre, en avril 2008 devant les étudiants de l´université du 8 -Mai 1945 que le «temps de la dénégation des massacres perpétrés par la colonisation en Algérie est terminé». Le ministre des Moudjahidine, M.Mohamed Cherif Abbès a qualifié les massacres du 8 mai 1945 de «crimes contre l´humanité au sens juridique du terme car commis contre un peuple sans défense qui, sorti manifester pacifiquement, a été sauvagement réprimé. Le crime est, de ce fait, a-t-il ajouté, «établi», avec preuves et arguments à l´appui et ne peut être imprescriptible. Il pourrait être assimilé aux crimes les plus odieux dans l´histoire de l´humanité». Pour le ministre, «ces sacrifices colossaux ont contribué à trancher le débat sur les alternatives possibles de salut, et ce, en faveur de la révolution armée comme unique solution pour éradiquer le colonialisme» M.Abbès a en outre, estimé que cette commémoration était «l´occasion de passer en revue les sacrifices et les épreuves endurés par le peuple algérien pour le recouvrement de sa souveraineté» et de son indépendance». A une question sur les pas devant être accomplis pour faire connaître encore plus la sauvagerie de ces massacres, notamment en direction de la génération de l´Indépendance, M.Abbès a souligné que l´Etat algérien «par fidélité aux sacrifices des martyrs des massacres du 8 mai 45 a décrété une journée nationale qui célèbre la symbolique des sacrifices qui ont permis d´opter pour la révolution armée, d´une part, et qui représente une occasion de condamner la dimension inhumaine des massacres et des crimes du colonisateur». Concernant les revendications d´organisations de la société civile quant à la nécessité de relancer le projet de loi criminalisant le colonialisme en Algérie, il a affirmé que les organisations de la société civile toutes tendances confondues, «sont attachées à la loi criminalisant le colonialisme».