Dans un discours hier à la Nation, Beji Caïd Essebsi s'est efforcé de rassurer quant à la poursuite du processus de démocratisation du pays Un couvre-feu avait été décrété samedi soir à Tunis et dans sa banlieue, de 21h00 à 05h00 (22h00 à 06h00 GMT) pour une durée indéterminée. Les autorités tunisiennes ont justifié la mesure du couvre-feu en affirmant que des pillages et violences s´étaient produits dans la capitale tunisienne et ses environs au cours des derniers jours. Des manifestations anti-gouvernementales ont lieu depuis cinq jour à Tunis, où les jeunes contestataires sont brutalement dispersés par un important dispositif policier qui a recours à des tirs massifs de gaz lacrymogènes et l´utilisation de matraques. Ces contestations ont eu lieu suite à la diffusion d´une vidéo postée sur Facebook dans la nuit de mercredi à jeudi, où M.Rajhi, ancien ministre de l´Intérieur, qui jouit d´une grande popularité, avait déclaré que «si le mouvement islamiste Ennahda gagne les prochaines élections du 24 juillet, le régime sera militaire». M.Rahji avait aussi déclaré que «le dernier voyage du Premier ministre tunisien Béji Caïd Essebsi à Alger (le 15 mars) a consisté en la coordination sur ce point», ajoutant que «la nomination, le 18 avril, du général Rachid Ammar au poste de chef d´état-major interarmes n´est qu´une préparation à ce coup d´Etat». Suite à cette déclaration osée de l´ancien ministre de l´Intérieur tunisien, le Premier ministre tunisien par intérim Béji Caïd Essebsi a jugé hier «dangereux et irresponsables» les propos de Farhat Rajhi évoquant la préparation d´un «coup d´Etat militaire», qui ont provoqué une onde de choc dans le pays. Selon le Premier ministre, les propos de M.Rajhi visent à semer «la discorde et la zizanie» et à provoquer le report de la date de l´élection de l´Assemblée constituante prévue le 24 juillet. Concernant ce point précis, M.Essebsi a déclaré que la date de l´élection serait maintenue «sauf cas de force majeure», appelant à la fin des manifestations et des violences et mettant en garde contre un effondrement de l´économie. Quant au fait que «la nomination, le 18 avril, du général Rachid Ammar au poste de chef d´étatmajor inter-armes n´est qu´une préparation à ce coup d´Etat» M.Caïd Essebsi estime que M.Rajhi. «a jeté de l´huile sur le feu dans un climat aussi explosif et ça tombe dans un contexte où la population a des doutes sur la crédibilité du gouvernement quant à la réalisation des objectifs de la révolution». En parallèle, plusieurs dizaines de journalistes ont manifesté dimanche dans le centre de Tunis pour dénoncer les récentes violences dont ils ont été victimes lors de la couverture de manifestations dans la capitale. Répondant aux doléances de la corporation, le ministère de l´Intérieur a ouvert son enquête après les agressions inédites depuis la chute de Ben Ali. Quinze journalistes travaillant pour des médias internationaux et tunisiens ont été brutalisés par des policiers lors de la couverture des manifestations jeudi et vendredi dernier dans la capitale. Le ministère de l´Intérieur avait d´ailleurs, présenté vendredi soir dans un communiqué «ses excuses aux journalistes et aux citoyens agressés involontairement», affirmant son «respect pour le travail journalistique». En plus du spectre d´un éventuel coup d´Etat militaire, l´instauration d´un couvre-feu et la répression des manifestants (alors que le droit de manifester est à présent reconnu), la transition en Tunisie connaît des périodes difficiles. Dans ce contexte, le Premier ministre par intérim, Béji Caïd Essebsi, s´est adressé hier à la Nation dans une déclaration télévisée, dans laquelle il, s´est efforcé de rassurer quant à la suite du processus en cours et visant à instaurer la démocratie et l´Etat de droit en Tunisie. Cependant, quelques-uns de ses propos, qui paraissent maladroits ont fait planer le doute sur la tenue de l´élection d´une Assemblée constituante à la date fixée du 24 juillet. Précisant que la commission constituante est totalement indépendante du gouvernement, M.Caïd Essebsi indiqué que si le comité des réformes dit qu´il y a des empêchements techniques et logistiques ce sera une autre probabilité à discuter. Il a cependant rappelé que l´action du gouvernement provisoire cessera le jour de l´élection de l´Assemblée nationale constituante.