«Cette tripartite est réservée uniquement aux problèmes de l'entreprise» Cette tripartite exclusivement dédiée à l'entreprise intervient dans un contexte social et politique particulier. La scène patronale algérienne s´est emballée en prévision de la tripartite qui aura lieu le 28 mai prochain à Djenane El Mithaq à Alger. Cette rencontre exclusivement placée sous l´autorité du président de la République puisque c´est lui-même qui l´a convoquée, aiguise les appétits et accentue les divergences entre les patrons algériens. Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (Cnpa) Mohand Saïd Naït Abdelaziz, a été le premier à porter l´estocade. «Non! Il n y a pas de réunion préalable. Du moins en ce qui nous concerne en tant que Cnpa, nous n´avons mandaté personne pour parler en notre nom», s´insurge Naït Abdelaziz. «Avec l´approbation du bureau exécutif de la Cnpa, nous avons ficelé un dossier avec des propositions concrètes que nous allons défendre lors de cette tripartite», a appuyé le président de la Cnpa, rejetant «toute tentative de récupération de ce rendez-vous et toute surenchère de quelque partie que ce soit». La Cnpa a établi un document dans lequel sont développées des dispositions opérationnelles. Toutes les entraves au développement de l´entreprise y sont recensées. Le document relève entre autres, que le secteur économique manque de visibilité et de stratégie nationale, il y a un éparpillement des instances de décision et l´absence de mécanisme de coordination. De même qu´un manque flagrant de statistiques qui permettraient de piloter le secteur économique. La lourdeur de l´appareil administratif et le problème du foncier ont été également signalés dans le rapport de la Cnpa. Cette montée au front de Naït Abdelaziz tranche avec les déclarations faites par le président du Forum des chefs d´entreprise, Redha Hamiani. Invité pour la première fois à participer à la tripartite, le Forum des chefs d´entreprise (FCE), par la voix de son président Rédha Hamiani, a soutenu que des consultations préalables ont été entamées avec les autres organisations patronales en vue d´arriver à «un Smig pour définir des revendications communes à présenter lors de la tripartite», selon des indiscrétions émanant de ces réunions informelles. «Nous n´allons plus nous contenter de revendications techniques comme la levée du credoc, la disponibilité du foncier, des crédits bancaires», soutiennent également des membres du FCE. Le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), M.Boualem M´rakech lui, plaide plutôt pour la sérénité. «Cette tripartite est réservée uniquement aux problèmes de l´entreprise. Aujourd´hui, le monde de l´entrepreneuriat a un souci commun qui est celui du règlement des problèmes inhérents à l´entreprise», a réagi M.M´rakech interpellé sur ces tiraillements et la teneur de ces réunions informelles. «Il n´ y a pas de divergences profondes», a-t-il souligné insistant que «chaque organisation a ses propres structures et ses mandants et à partir de là, elle a la charge de mener à bien ses responsabilités qui ne doivent en aucun cas sortir du cadre qui consiste à trouver des solutions pour l´entreprise, qui sont celles de l´Algérie». Dans ce sens, le président de la CAP a rappelé que les structures des 46 wilayas et 15 fédérations d´activité de son organisation ont mandaté le bureau exécutif pour établir le rapport final en vue du rendez-vous de samedi prochain. «Ce document est ramassé et se limite à cinq propositions essentielles qui seront défendues et développées dans des exposés.» En effet, le rendez-vous de ce samedi est particulier pour plusieurs raisons. Etant «ordonné» par le président de la République, il a donc un cachet des plus officiels. Il intègre, pour la première fois, des chefs d´entreprises privées, membres du FCE, ce qui en d´autres termes signifie que la distinction privé/public n´existe plus. C´est une rencontre qui se tient au sommet, en une seul journée et elle est exclusivement dédiée à l´entreprise et ses problèmes. C´est dire qu´on est loin des rencontres fleuves qui s´étalent sur trois jours où les partenaires dissertent à propos de tout sauf de l´essentiel. Enfin, c´est une tripartite qui intervient dans une conjoncture politique et un contexte régional très particuliers. Du travail, des salaires décents et une répartition équitable des richesses sont les principales revendications des révoltes arabes. Or, l´Algérie, qui n´est pas déconnectée de la sphère arabe, a connu d´innombrables manifestations depuis le début de l´année.