Attention, gouvernants! L´huile et le sucre ne sont pas tout! L´injustice aussi doit s´évaporer... La veuve d´un commerçant s´était amusée à demander des nouvelles d´une machine à goudron appartenant à l´entreprise de la famille. Le détenteur de l´objet réclamé par la veuve, fait la forte tête. Il résiste à toutes les demandes qui deviendront des prières, vainement. Ayant trop patienté, la mère des trois enfants décide d´ester celui qui a été nourri durant quinze ans dans le domicile du défunt. Et lorsqu´un escroc passe à El Harrach, il n´a aucune chance d´échapper au glaive de la balance. C´est pire si à El Harrach, cet escroc ingrat en plus se met au garde-à-vous devant Selma Bedri, la présidente de la section correctionnelle du mardi, une jeune juge qui rend justice comme elle l´a appris, sereinement et proprement. Alors là, les enfants... Nous allons nous passer du savon qu´avait... passé la magistrate à l´auteur de l´abus de confiance, un auteur qui a eu au moins un truc qu´il a évité de faire à la barre. A aucun moment des débats, l´inculpé n´a voulu regarder la veuve de un mètre soixante, un foulard blanc cassé sur une tête aussi grosse qu´un petit coffre-fort de famille, une tête où une très belle paire d´yeux brille de mille feux, des feux prêts à cracher des mots pleins de maux durs aussi durs que le métal de l´engin à goudron, enjeu du dossier. Selon la venue, cet individu - elle aurait aimé crier «ce triste sire» -, a pris du matériel qu´il n´a plus restitué à la société. Pourtant, l´inculpé a prétendu n´avoir eu affaire qu´au défunt, oubliant que le défunt était marié depuis quinze ans et qu´il avait laissé derrière lui, outre une inconsolable veuve, trois petits bambins qui ont besoin de grandir à l´aise, car le papa avait tout pour qu´ils fussent heureux. Et la veuve d´ailleurs, une intellectuelle, a su prendre à la gorge son adversaire à qui elle avait rappelé qu´il s´était nourri de la générosité du défunt et de sa famille. «Nous n´étions pas des ploucs: celui que entrait chez nous ne prenait pas un café seulement; soit il déjeunait, soit il dînait et cet individu vivait avec nous et il le sait. Et si par un malheureux hasard, je mentais qu´il le dise maintenant ou qu´il se taise à jamais!», avait-elle lancé, car elle avait la nette impression que cette jeune juge n´était pas une malapprise, ni une «vendue». Elle était plus que sûre à voir sa manière de conduire les débats qui verront Faïza, Ali Maârich, le représentant du ministère public qui n´a pas voulu rester en marge. C´est pourquoi, il a posé de bonnes questions pertinentes: ce qui ravi Bedri qui est entrée profondément dans le dossier. Auparavant, il est utile de reprendre la plaidoirie de ce fantastique avocat Maître Benouadah Lamouri. «Madame la présidente, pour une fois qu´une veuve reprend de volée le flambeau de la famille alors forte du vivant du chef, on est venu à la porte jouer à l´escroc. Non, ce n´et pas une simple diffamation. Nous possédons les preuves de ce que nous avançons. Il y a eu bel et bien escroquerie. Je peux même m´avancer sur la pelouse de la démonstration des preuves. Une partie du matériel est encore dans son atelier, un fond de hangar attendant de sortir au bon moment», s´est écrié l´avocat qui a vite rappelé à Selma Bedri, la jeune et joviale juge du siège, que de nos jours en mai 2011, on ne doit pas renvoyer dos à dos l´escroc et sa victime. «Cette victime estime que la justice est l´ultime branche à laquelle s´accrocher. Elle attend que vous vous prononciez autour des preuves qui se trouvent dans le dossier. Maintenant que l´inculpé revienne sur certaines déclarations, c´est son affaire. Le tribunal n´a aucune conviction à se faire: c´est la correctionnelle», a ajouté le défenseur qui saluera au passage les rudes demandes de Mohammed Marich Ali, le procureur qui avait d´ailleurs, mâché les deux tiers des débats en posant de pertinentes questions. Maître Lamouri en avait posées de dures et des pas vertes... Après avoir minutieusement cherché la vérité, Selma Bedri, la juge du siège a infligé une lourde peine de prison ferme de trois ans pour abus de confiance, une lourde amende et une non-moins lourde somme en dommages et intérêts: Fatma souriait. Nassima rigolait, Baya grimaçait, Faïza, elle, en qualité de parquetière avait gardé un sérieux emprunt d´une satisfaction, car ses demandes ont étés suivies par Selma Bedri, à féliciter d´avoir réussi le tour de force de bien mener des débats où les larmes de Fatma n´avaient d´égales que sa colère, une colère légitime, bien soutenue par ce sacré avocat, Maître Lamouri.