Révélation Les témoignages recueillis auprès des femmes ayant tenté d?obtenir leur part d?héritage, nous ont fait découvrir une terrible réalité longtemps occultée de notre système judiciaire. Naïma B., veuve, âgée de 40 ans, déclare : «Je souhaiterais, à travers ce témoignage, attirer l?attention des autorités sur le désespoir dans lequel vit une grande partie des femmes qui ont eu le courage de réclamer leur part d?héritage et celle de leurs enfants. Juste après le décès de mon mari, j?ai tenté, vainement, d?approcher son ex-femme ainsi que ses enfants pour partager à l?amiable tous les biens qu?il a laissés.» Naïma s?est ensuite trouvée dans l?obligation d?introduire l?affaire en justice pour préserver ses droits et ceux de ses enfants en bas âge. «La justice a estimé qu?il n?était pas nécessaire de procéder à la mise sous séquestre des biens de mon défunt époux alors que ses enfants, issus du premier mariage, continuent de profiter et de bénéficier des rentrées des différents locaux et que les miens baignent dans une misère infinie». Depuis 1993, Naïma attend le verdict qui pourrait la sortir, elle et ses enfants, de ce gouffre. «La dernière audience a été annulée en raison de l?absence de la partie adverse», note-t-elle déplorant que, pour des raisons aussi légères, une procédure, qui a duré plus de 10 ans, soit annulée. «L?affaire est actuellement au niveau de la Cour d?appel, nous allons demander un avenir après expertise, avec l?espoir que cette instance accepte nos doléances», explique maître Baghdadi, avocat de Naïma. Une autre affaire, tout aussi douloureuse, est celle de Yamina, une vieille septuagénaire qui, depuis 1982, effectue des va-et-vient entre le tribunal de la wilaya de Tizi Ouzou et celui d?Alger. Il s?agit d?une affaire de succession dans laquelle sont confrontés une veuve et son beau-frère. Celui-ci a tenté de déshériter tous ses neveux, ainsi que leur mère après la mort de son frère. Après 22 ans de tourmente, elle a fini par avoir gain de cause. Néanmoins, le calvaire de Yamina n?a pas pris fin puisqu?elle se trouve dans l?obligation de notifier le jugement auprès de chacun des héritiers. Ces derniers se sont dispersés au fil des années un peu partout. Ce qui laisse penser que la mission qu?on incombe à cette vieille dame, déjà affaiblie par l?âge, semble presque impossible. Il convient de noter que les actions introduites en justice par des femmes, pour des affaires de succession, sont, généralement, inscrites contre les maris ou les beaux-frères et rarement contre les frères.