C'est pratiquement tout le gratin de l'armée qui est venu assister aux cérémonies. C'est vers 10h, qu'arrive en grande pompe, le général de corps d'armée et patron de l'ANP, Mohamed Lamari à l'Académie militaire interarmes de Cherchell (Amia). Il y a déjà là tout le gratin de l'armée: le général Abdou, directeur de l'Académie, les généraux-majors Fodhil-Chérif, Brahim, commandant de la 1re Région militaire, Gaïd-Salah, Ahmed Boustila, le général-major, Benslimani, commandant des forces aériennes et le DG de la sûreté nationale, Ali Tounsi, entre autres. Le discours du directeur de l'académie a porté sur les nouveaux objectifs de l'armée, à atteindre ou à réaliser durant l'année en cours. La rénovation des infrastructures de base, de réalisation de nouveaux centres et d'annexes, la réception de nouveaux moyens, l'entraînement sur la terrain, etc. ont été autant de points que le général Abdou a fait ressortir, et qui ont eu pour effet, a-t-il précisé, «d'accroître les capacités de combat des troupes et des performances de l'élève de l'académie». En fait, ce n'est pas toutes les sorties de promotions, traditionnelles en pareille saison, qu'il faut apprécier, mais bien «la parade» de l'état-major de l'armée. Les principaux collaborateurs et «alliés» de Lamari étaient là rigoureux et disciplinés. Aucune familiarité n'a été observée, et aucun moment de relâchement toléré. Ce semblant de bloc monolithique s'est regroupé hier, le 1er juillet, et se regroupera entre membres de la plus haute instance de l'armée, encore demain, jeudi. C'est-à-dire, la veille, et le lendemain de la sortie de prison de Ali Benhadj, figure emblématique de l'ex-FIS et gourou de la nébuleuse islamiste radicale. Cet événement, pris «en sandwich», entre deux «regroupements» de l'état-major de l'ANP est significatif. En agissant en bloc soudé, le général-major Lamari, flanqué des patrons de la police et la gendarmerie nationale, entend détenir, seul, les manettes de la sécurité intérieure du pays, à un moment crucial, caractérisé par un regain d'intérêt pour l'islamisme politique. D'un autre côté, il y a lieu de lorgner et sérieusement, du côté de ceux qui se tiennent derière le général de corps d'armée pour percevoir comment se profile l'avenir de l'ANP. A plusieurs reprises, Lamari a exprimé son souhait de se retirer, et de se trouver un remplaçant, mais à chaque fois on sent que la distance entre lui et ses potentiels remplaçants, représentés par ses plus proches collaborateurs, dont l'incontournable Fodhil-Chérif Brahim, est incommensurable. Mieux, à chaque fois qu'il exprime un «vague» souhait de prendre sa retraite, il multiplie les actions, tous azimuts, sillonnant le pays de long en large, faisant de longs périples dans les pays européens, asiatiques et du Golfe persique, et accueillant, en grande pompe, les chefs militaires des forces internationales les plus huppés. Ce qu'on avait vu hier, à l'Amia de Cherchell s'apparente à cette vue qui, d'un côté, conforte l'idée d'un général-major, seul rassembleur et fédérateur de toutes les forces armées du pays, et, d'un autre, celle d'un superchef qui n'a pas son remplaçant.