Les choses se détériorent pour les Américains de plus en plus attaqués aux RPG. Quatre soldats américains tués, deux autres blessés dans une attaque hier à Baghdad. Les Américains, font face à une détérioration accélérée de leur situation en Irak, attaqués qu'ils sont de tous les côtés et avec tous les moyens. L'attaque d'hier de Baghdad intervient après l'explosion, mystérieuse, -aux dires des témoins sur place-, dans une mosquée de Falloujah, place forte de la résistance, occasionnant la mort d'au moins six étudiants en théologie. L'origine de cet attentat qui souleva la fureur de la population de la ville sunnite, est encore indéterminée. Cependant, des témoins ont attribué cette explosion à un raid de l'aviation américaine. Ceux-ci ont vu une boule de feu descendre du ciel qui frappa la mosquée et détruisit deux pièces où se trouvaient des étudiants. Hier, à Falloujah, la situation était surchauffée et le peuple criait «vengeance». L'un des manifestants réunis devant la mosquée affirma que «la résistance va commencer effectivement depuis cette mosquée». Cheikh Ahmed Al-Janabi, imam de la moquée en cause souligne pour sa part «prendre la mosquée pour cible est une provocation pour tous les musulmans», se demandant «si les moquées sont visées, que peuvent faire les gens? A quoi peuvent s'attendre les Américains? Simplement à des représailles». En fait, les Américains harcelés ne savent plus par quel bout prendre le problème. En effet, malgré la multiplication des rafles et des arrestations, les renforcement des unités de surveillance, les patrouilles parcourant villes et campagnes, l'armée américaine, -forte de 156.000 soldats de métier-, n'arrive pourtant pas, trois mois après la fin de la guerre, à pacifier un peuple devenu, par la force des choses rebelle. Hier, outre l'attaque s'étant soldée par la mort de quatre militaires, les Américains ont encore perdu un véhicule incendié à Al-Youssoufiya. Les Irakiens sont, en fait, de plus en plus incontrôlables et ne ratent aucune opportunité de porter des coups aux coalisés. Ainsi, malgré la multiplication des opérations, comme l'opération «Péninsule», ensuite celle connue sous le nom de «Scorpion de désert», voici maintenant «Crotale du désert» devant, selon ses concepteurs rechercher et arrêter Saddam Hussein, ses proches et ce qui reste des dirigeants de l'ex-régime. Mais ces opérations, comme l'indique la persistance des attaques anti-américaines, n'ont, semble-t-il, donné aucun résultat, et l'administration provisoire américaine en Irak ne sait comment prendre une résistance qui se conforte chaque jour. Il faut relever aussi, que les Américains, maîtres de l'Irak, ne font rien pour se concilier les citoyens irakiens. Ils ont même humilié l'opposition qu'ils avaient eux-mêmes mise sur pied et déçu des Kurdes dont l'aide leur a été pourtant très précieuse. Cet engrenage de la violence fait estimer aux analystes que les Américains sont en train de s'enliser en Irak. Sentiment que ne partage pas le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, lequel affirme: «Ce mot ne va pas. Si l'on analyse ce qui se passe dans ce pays, il y a une façon différente de le qualifier», et précise: «Mon opinion est que nous sommes en guerre. Nous sommes en guerre mondiale contre le terrorisme, et ceux qui ne sont pas d'accord avec cela sont pour la plupart des terroristes». M.Rumsfeld fait ainsi peu cas d'un peuple qui réfute l'occupation étrangère, et assimile ainsi, les Irakiens, -coupables à ses yeux de ne pas accepter le joug américain-, à des «terroristes». Une déviation verbale très dangereuse pour la paix dans le monde, à moins que sa langue n'ait fourché et dépassé sa pensée. Il n'en reste pas moins que le dirigeant américain montre par là toute l'arrogance des puissants pour les peuples qu'ils veulent soumettre.