Une politique des «petits pas» semble s'engager entre Palestiniens et Israéliens appelés à confirmer cette dynamique. En dépit de quelques incidents signalés ici et là, -depuis l'annonce de la trêve par quatre mouvements palestiniens (Fatah, FDLP, Hamas et Jihad islamique), auxquels s'est joint la Brigade Ezzedine Al Qassam, -proche du Fatah-, laquelle a, à son tour, décrété lundi, la trêve-, la dynamique enclenchée autant par le cessez-le-feu des Palestiniens, que par le retrait, -pour le moment partiel-, des Israéliens des territoires palestiniens, augurent d'un nouvel état d'esprit et approche propres à donner au processus de paix, toutes les chances de se concrétiser. En fait, Palestiniens et Israéliens se sont engagés dans une véritable gageure, laquelle, en cas de réussite, ne manquera pas de mettre un terme au plus long conflit des temps modernes. Les deux parties font montre, cependant, de prudence dans leurs déclarations même si, ici et là, ressortent des affirmations qui demandent toutefois confirmation. Ainsi, à en croire le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abbas, qui a rencontré hier les membres du CLP (Parlement), les informant de l'évolution de la situation, Israël reviendra aux lignes d'avant l'Intifada, de septembre 2000, d'ici à un mois, un mois et demi, déclarant «Je m'attends à ce qu'Israël complète son retrait (de tous les territoires palestiniens réoccupés) d'ici un mois, un mois et demi». De fait, le chef du gouvernement palestinien devait rencontrer dans la soirée d'hier, son homologue israélien, Ariel Sharon, pour discuter notamment des problèmes, encore pendants, entre les deux parties, notamment ceux afférents à la sécurité, comme il l'indiquait aux parlementaires palestiniens, précisant que la rencontre avec Sharon participait «à jeter les bases d'un accord de sécurité grâce à différentes commissions mixtes qui avaient été créées avant le soulèvement (l'Intifada)». En outre, M.Abbas estime que ces rencontres entre les deux parties constituent une opportunité conduisant «à la rapide mise en oeuvre de la feuille de route». Dans le sillage de son retrait de Beit Hanoun, au nord de la bande de Ghaza, l'armée israélienne devait de même être redéployée aujourd'hui, hors de la ville Bethléem. Ce qui ressort des déclarations d'hier du ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, selon lequel Israël remettra aujourd'hui la ville à l'Autorité palestinienne, confirmant l'information qui circulait depuis quelques jours dans les médias israéliens indiquant «Nous remettrons mercredi (aujourd'hui, ndlr) aux Palestiniens le contrôle de sécurité à Bethléem» ajoutant «Ce retrait constituera un test pour vérifier que la sécurité des Israéliens, y compris ceux qui résident en Judée-Samarie (Cisjordanie) sera assurée». Il est évident que la confiance entre les belligérants, est loin de régner. Aussi, cette méfiance est-elle de bonne guerre, encore faut-il que les Israéliens jouent enfin franc jeu avec les Palestiniens, abandonnant la duplicité dont ils n'ont cessé de faire montre, depuis les années 90 et l'ouverture des négociations directes entre eux et les Palestiniens. C'est cette duplicité qui a fait capoter l'accord d'Oslo et fait perdre beaucoup de temps, aux Palestiniens, à la communauté internationale et aux Israéliens eux-mêmes, alors que le nombre des victimes s'accroissait des deux côtés, singulièrement pour les Palestiniens victimes des féroces répressions de l'armée israélienne. Le consensus reste très fragile et il appartient à l'occupant israélien de faire valoir sa volonté à coopérer sans arrière-pensée, avec les Palestiniens.