Le Parquet égyptien a estimé hier que l'état de santé de M.Moubarak, en détention préventive à l'hôpital de Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, ne permettait pas encore son transfert dans une prison du Caire en attendant son procès. L´ancien chef d´Etat, hospitalisé depuis le 13 avril après un malaise cardiaque pendant un interrogatoire, doit être jugé - à une date qui n´a pas encore été fixée - pour le meurtre de manifestants pendant la révolte qui l´a renversé le 11 février et pour enrichissement illégal. Le Procureur général Abdel Meguid Mahmoud avait chargé une équipe de médecins, dont des cardiologues, de réexaminer l´ex-président pour établir si son état de santé permet son transfert dans un hôpital carcéral. «Après avoir consulté le dossier médical (de M. Moubarak) et l´avoir de nouveau examiné et évalué l´hôpital de la prison de Tora (au Caire), l´équipe a décidé de ne pas transporter le patient hors de l´hôpital international de Charm el-Cheikh pour le moment», a indiqué le Parquet dans un communiqué publié sur sa page officielle sur Facebook. «L´hôpital de la prison de Tora dans son état actuel n´est pas suffisamment équipé pour accueillir un patient à l´état grave et instable», selon le texte. D´après les médecins, M.Moubarak est déprimé et présente des risques de crise cardiaque. Il risque aussi de perdre brièvement conscience en raison de problèmes de circulation et ne peut pas se lever seul. Ils font également état de la présence de «tumeurs» dans les voies biliaires et au pancréas mais il n´est pas clair si elles ont été enlevées en mars 2010, lorsqu´il a été opéré en Allemagne, ou si elles étaient toujours présentes. Son avocat, Farid al-Dib, a affirmé à la chaîne américaine CNN que M.Moubarak était «en très mauvaise santé». «Le président a de graves problèmes de coeur et des complications avec son estomac après l´opération qu´il a eue en Allemagne l´an dernier», a-t-il ajouté. M.Moubarak, 83 ans, a été chassé du pouvoir le 11 février par une révolte populaire sans précédent, après trois décennies à la tête du pays. Selon un bilan officiel, 846 personnes ont été tuées pendant les 18 jours du soulèvement sans précédent qui l´a poussé à la démission. S´il est reconnu coupable, M.Moubarak est passible de la peine capitale, selon le ministre de la Justice Abdel Aziz al-Guindi. Son avocat a nié que l´ex-président ait donné l´ordre d´utiliser la force ou des balles réelles contre les manifestants, mais l´ancien chef des services de renseignements, Omar Souleimane, a assuré qu´il avait «parfaitement connaissance de chaque balle tirée». Ses fils Alaa et Gamal sont actuellement en détention provisoire dans la prison de Tora, et doivent également être jugés. Quant à son épouse, Suzanne, elle a été remise en liberté après avoir remis des avoirs d´une valeur de 4 millions de dollars à l´Etat. Plusieurs anciens responsables et hommes d´affaires font aujourd´hui l´objet d´enquêtes pour corruption ou pour leur responsabilité dans les violences de janvier-février. L´ex-ministre de l´Intérieur Habib el-Adli, qui fut l´un des hommes les plus puissants mais aussi les plus détestés d´Egypte, a ainsi été condamné à 12 ans de prison pour malversations financières, devenant le premier responsable de l´ancien régime à écoper d´une peine de prison ferme. Il est toujours en procès avec six de ses collaborateurs pour avoir ordonné de tirer sur des manifestants durant le soulèvement.