Saleh hospitalisé en Arabie Saoudite. Un aller sans retour? M. Saleh, blessé vendredi dans un bombardement de son palais présidentiel, a été évacué samedi soir pour se faire soigner à Riyadh. L´hospitalisation à Riyadh du président yéménite, Ali Abdallah Saleh, laisse planer le doute sur le détenteur du pouvoir à Sanaa, où le vice-président n´a pas été officiellement chargé de l´intérim alors que le fils aîné du chef de l´Etat apparaît comme l´homme fort du pays. M.Saleh, blessé vendredi dans un bombardement de son palais présidentiel, a été évacué samedi soir pour se faire soigner à Riyadh. Indépendamment de la question de savoir si le président reviendra ou non, la Constitution prévoit que le vice-président Abdel Rabbo Mansour Hadi dirige le pays en son absence. Mais aucune annonce officielle n´a été faite pour confirmer qu´il assurait l´intérim. M.Mansour Hadi s´est entretenu hier avec l´ambassadeur des Etats-Unis à Sanaa, Gerald Feierstein, de la situation dans le pays, a rapporté l´agence officielle Saba, en continuant de le qualifier de «vice-président». Des sources proches de la présidence ont précisé que M.Mansour Hadi ne s´était pas installé dans le palais présidentiel, symbole du pouvoir suprême. Selon elles, c´est Ahmed, le fils aîné du président Saleh et commandant de la Garde républicaine, qui se trouve au palais. Avant le début de la révolte fin janvier, l´opposition accusait le président Saleh de vouloir transmettre à son fils le pouvoir qu´il exerce depuis près de 33 ans. «Le vice-président ne peut pas être l´homme de la situation», estime Samy Dorlian, spécialiste du Yémen, enseignant à Sciences Po Aix-en-Provence. «Si Saleh lâche le pouvoir, ce n´est pas à Abed Rabbo Mansour Hadi qu´il ira mais à ses fils et neveux qui contrôlent l´appareil sécuritaire», ajoute l´analyste, selon lequel «il n´y a pas de signes de scission au niveau du commandement de ces forces spéciales». Outre son fils aîné, le président a également placé ses neveux aux postes clés de la sécurité: Yahia est chef de la sécurité centrale et des unités de lutte contre le terrorisme, Tarek dirige la garde spéciale (présidentielle) et Ammar est un chef de la Sûreté nationale. Le porte-parole de l´opposition parlementaire, Mohamed Qahtan, a affirmé que son groupe était prêt à «coopérer avec Mansour Hadi», mais que le problème était de savoir si les fils et les neveux (de M.Saleh) étaient «disposés à lui remettre le pouvoir». Un analyste yéménite qui a requis l´anonymat explique lui aussi que le vice-président, un militaire de carrière originaire du Sud du pays, contrairement à M.Saleh, un Nordiste, «n´a aucun poids politique». «Il y a actuellement deux hommes forts au Yémen: Ahmed Ali Abdallah Saleh, qui a hérité le pouvoir de son père, et le général Ali Mohsen Al Ahmar, qui jouit de l´appui de l´opposition», explique-t-il. Le puissant général Ahmar s´est rallié en mars à la contestation populaire et ses troupes contrôlent une grande partie de Sanaa, le reste étant tenu par les troupes gouvernementales. Selon l´analyste, «seule l´Arabie Saoudite», où se trouve actuellement le président yéménite, «est capable de jouer un rôle d´arbitre entre les deux parties». Le porte-parole du parti au pouvoir, Tarek al-Chami, a affirmé à la chaîne satellitaire al-Arabiya hier que le président allait «regagner le Yémen dans les prochains jours». Mais l´opposition s´est déclarée déterminée à empêcher ce retour, alors que des dizaines de milliers de jeunes manifestants célébraient le départ du chef de l´Etat, qu´ils considéraient comme définitif. Malgré la forte contestation populaire et les pressions internationales ces derniers mois, M.Saleh a refusé de démissionner, et de signer un plan élaboré par les monarchies arabes du Golfe, dont l´Arabie Saoudite est le chef de file, pour une transition pacifique du pouvoir.