Au plan sécuritaire, la trêve conclue dimanche semblait se prolonger dans la capitale Sanaa après deux semaines de violents affrontements. Fausse joie pour les jeunes protestataires pacifiques yéménites. Le président yéménite, qui a été opéré avec succès dimanche, devrait, selon un responsable saoudien, rentrer à Sanaa «après deux semaines de convalescence». Ce qui semblait être le meilleur scénario à l´issue de la crise yéménite, s´avère être un vrai calvaire. Dans un communiqué publié hier, les jeunes protestataires proposent un conseil présidentiel représentant «toutes les forces politiques» dont la tâche serait de former «un gouvernement de technocrates», «un conseil national transitoire» et d´élaborer «une nouvelle Constitution». Anticipant sur les événements, ces jeunes se félicitent dans leur communiqué «du départ» du chef de l´Etat. Ils entrevoient dans ce départ précipité du président une opportunité à saisir. «La révolution a réalisé son premier objectif: la mise à l´écart de Saleh», affirment les jeunes qui s´engagent à «poursuivre le sit-in jusqu´à la réalisation de tous les objectifs» de leur mouvement pacifique. Or, les choses ne sont pas aussi claires qu´elles le paraissent. Effectivement, les autorités n´ont pas précisé si M.Saleh gardait toujours les rênes du pays ou si l´intérim sera assuré par le vice-président, comme prévu par la Constitution, alors que, selon les observateurs, le fils aîné du chef de l´Etat, Ahmed Ali Abdallah Saleh, qui a la haute main sur les services de sécurité, apparaît comme le vrai détenteur du pouvoir en l´absence de son père. Toujours est-il que, pour le moment, la vacance du pouvoir est «provisoirement» comblée par le vice-président Abd-Rabbou Mansour Hadi, qui assume l´intérim à la tête de l´Etat et de l´armée. Une trêve conclue dimanche semblait se prolonger dans la capitale Sanaa après deux semaines de violents affrontements entre les forces loyales au chef de l´Etat et les combattants de la fédération tribale des Hached. Négociée par le vice-président yéménite Abd-Rabbou Mansour Hadi, avec le puissant chef tribal des Hached, cheikh Sadek al-Ahmar. Berlin, Paris, Londres, Madrid et Rome se sont empressées dès dimanche soir d´appeler les Yéménites à «respecter la trêve initiée par le roi d´Arabie Saoudite» pour rétablir la paix au Yémen, dans une déclaration commune. La trêve semblait tenir hier à Sanaa, hormis un incident mortel. Hier à la mi-journée, des proches de cheikh Ahmar ont accusé des snipers à la solde du régime d´avoir tué trois des hommes du chef tribal, près de sa résidence dans le nord de la capitale. Dans la nuit, au moment où se négociait la trêve, deux assaillants ont été abattus après avoir attaqué à Sanaa un barrage tenu par les hommes du général dissident, Ali Mohsen al Ahmar, et tué trois personnes dont un soldat. L´attaque a eu lieu, selon une source militaire, près de la résidence du vice-président qui assume en principe le pouvoir en l´absence de M.Saleh. L´hospitalisation à Riyadh du président yéménite contesté Ali Abdallah Saleh après une attaque contre le palais présidentiel a ouvert le débat sur sa succession, l´opposition estimant qu´il n´est plus en position de gouverner alors que son camp dit qu´il est toujours constitutionnellement le chef de l´Etat. Entre temps, accusations et contre-accusations, qui témoignent d´une âpre lutte pour le pouvoir entre le clan du président, conduit par son fils et ses neveux - qui contrôlent les principaux organes de sécurité - et ses nombreux adversaires politiques et tribaux, remplacent pour le moment les combats à l´arme lourde. Le porte-parole de l´opposition parlementaire, Mohamed Qahtan, a affirmé, pour sa part que son groupe «oeuvrera de toutes ses forces pour empêcher le retour» de M.Saleh au Yémen.