Vingt personnes, dont trois soldats dissidents et deux enfants, ont été tuées par les forces de sécurité, engagées dans la répression des manifestations réclamant le départ du président Ali Abdallah Saleh, selon un bilan obtenu de sources médicales. Ce qui porte à 46 le nombre des personnes tuées à Sanaa depuis dimanche, où les forces de sécurité ont brutalement réprimé une marche dans la capitale. Tôt dans la matinée, d'hier des milliers de personnes ont marché de la place du Changement jusqu'à la rue Al-Zoubeiri où ils ont rejoint des milliers d'autres contestataires qui y ont passé la nuit sous des tentes, selon des témoins. Un enfant de 10 mois et son frère ont été tués lorsque la voiture familiale qui circulait près de la place a été la cible de tirs. «Mon petit Anes, âgé de 10 mois, est mort dans mes bras», s'est lamentée la mère à l'hôpital de campagne de la place du Changement, où ses enfants ont été évacués. Deux autres personnes ont été tuées hier par les forces de sécurité à Taëz, deuxième ville du pays, au sud-ouest de Sanaa. Un appel à de nouvelles marches a été lancé par le Comité d'organisation de la révolution des jeunes, exhortant les Yéménites à poursuivre leur mouvement «pacifique jusqu'à la chute de ce qui reste du régime». Le président Saleh, au pouvoir depuis 1978, fait face depuis janvier à un mouvement de contestation qui a fait plusieurs centaines de morts. En convalescence à Ryad où il a été hospitalisé le 4 juin, au lendemain d'une attaque contre son palais à Sanaa, il a chargé en début de semaine son vice-président de négocier avec l'opposition un transfert du pouvoir, conformément au plan élaboré par les monarchies du Golfe. Des militaires dissidents prêts à protéger les manifestants Des militaires yéménites ayant fait défection ont mis en garde dimanche les forces gouvernementales contre toute nouvelle agression à l'encontre des manifestants pacifiques, en s'engageant à réagir fermement. La première division blindée, qui a fait défection, a lancé cette mise en garde dans une déclaration publiée quelques heures après que les forces loyales au président Ali Abdullah Saleh eurent ouvert le feu sur les manifestants dans la capitale Sanaa. «Nous, les forces armées de la première division blindée ayant fait défection, avertissons les forces armées de Saleh des conséquences de leurs actes criminels contre les manifestants pacifiques, notre réponse sera ferme», prévient la déclaration. Un responsable de la sécurité a informé qu' «une longue colonne de soldats de la Garde républicaine, des chars et des véhicules blindés» étaient déployés près de la zone de Kintaki, à l'extrémité sud d'une rue menant à la place du Changement, lieu de rassemblement des manifestants devant l'université de Sanaa. Les militaires insoumis «ont occupé la zone de Kintaki après des combats acharnés qui ont forcé les troupes gouvernementales à se retirer», a dit le responsable sous couvert d'anonymat. De son côté, le président yéménite Ali Abdallah Saleh dit ne pas démissionner jusqu'à ce qu'un nouveau président soit légalement élu.