Les conditions du mouvement citoyen connaissent déjà un début de satisfaction. Contrairement à l'ancien dialogue, celui auquel a appelé la semaine dernière le Chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, devrait être précédé d'une libération des détenus dans un délai n'excédant pas les dix jours et par une diligence du traitement du dossier. La Coordination intercommunale de Béjaïa (Cicb) a conditionné jeudi dernier par ce préalable sa participation au dialogue avec le gouvernement, tandis que la Coordination des ârchs, daïras et communes de Tizi Ouzou (Cadc) faisait encore de la résistance hier. Dans le même temps, le conclave de l'interwilayas est prévu pour les 12 et 13 juin prochains à Amizour, dans la wilaya de Béjaïa. C'est un véritable compte à rebours qui a suivi l'appel lancé samedi dernier en direct à partir de la tribune de l'Assemblée populaire nationale (APN) par le Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia et réitéré une deuxième fois mardi. L'offre de dialogue d'Ouyahia est sans équivoque, notamment lorsqu'il a déclaré que personne n'aura de mérite en fin de parcours. Pourtant, les différentes structures du mouvement citoyen réagissent en fonction des pesanteurs politiques qui les sous-tendent. A Béjaïa par exemple, la mise à l'écart des radicalistes du Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie (MAK) de Ferhat Mehenni, tel Zahir Benkhellat d'Akbou, semble avoir porté ses fruits. Mais les choses n'évoluent pas de la même manière à Tizi Ouzou. Entamé jeudi dernier, le conclave de la Cadc était encore ouvert hier à l'heure où nous mettions sous presse. Dans la soirée de jeudi, les partisans du rejet avaient pris le dessus. L'argument massue déployé était le départ du système. Cela dénote le poids et l'influence du RCD et du MAK sur cette tendance dure du mouvement, estiment les observateurs. L'autre aile, dite proche du courant de Amara Benyounès, ex-responsable au RCD, avait prôné le dialogue. De plus, un fait saillant mériterait d'être signalé à Tizi Ouzou. Il s'agit de la participation du délégué Allik, du ârch d'Ath Djennad. Ce dernier avait été libéré de prison deux jours auparavant. Après les échanges de diatribes entre les partisans et les opposants au dialogue, place a été faite au débat qui consiste à opposer arguments contre arguments. Les observateurs estiment que la mise en veilleuse de plusieurs coordinations communales et le forcing effectué depuis la déclaration du 29 septembre 2002, laissent à penser que les radicaux du mouvement seront laminés. Reste à savoir si les détenus, une fois libérés, notamment les plus influents tel Bélaïd Abrika, vont participer ou non aux négociations avec le pouvoir. En termes de préalable, ceux-ci semblent être en voie de satisfaction. A commencer par le droit de se réunir. La Cicb a bien reçu l'autorisation de tenir son conclave de jeudi dernier au TRB de Béjaïa avant d'opter pour Semaoun. De plus, la libération des détenus du mouvement citoyen devrait intervenir dans un délai de dix jours, selon des sources au fait du dossier de la crise de Kabylie. Concernant l'arrêt des poursuites judiciaires, nos sources indiquent que cette mesure sera fonction de la volonté des délégués d'aller ou non vers un «dialogue digne et fraternel», selon les termes d'Ouyahia. Le mouvement devra également désigner «lui-même ses représentants», contrairement au dialogue écoulé avec Ali Benflis. Le problème est que la plupart des délégués siégeant dans les intercommunales et dans l'interwilayas ne possèdent plus de mandat valide et craignent de retourner à la base. Balisant le terrain, Ouyahia a pris le soin de préciser mardi dernier que nul ne tirera de dividendes de ce dialogue pour la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur.