Les chars de l'armée syrienne encerclent Jisr al-Choughour Face à une répression sanglante qui dure depuis plus d'une semaine, la Turquie dénonce «les atrocités» de son voisin et ami. Les forces militaires syriennes continuaient hier de bombarder des villages autour de Jisr al-Choughour en avançant vers la ville. Un véritable massacre à ciel ouvert, dénoncé par nombre d´ONG humanitaires et de pays. Les violences commises par les forces de sécurité dans la ville sont en effet alarmantes. Comme chaque semaine, la Journée du Seigneur, vendredi, a tété sanglante, avec un nouvel appel à manifester, après la prière hebdomadaire, lancé par les militants pro-démocratie, afin d´exhorter les tribus à se mobiliser contre le régime du parti Baas. Depuis une semaine, la folie meurtrière plane sur Jis al-Choughour que plusieurs milliers d´habitants ont déserté, trouvant refuge en Turquie. De par son arrogance dans la gestion de la révolte populaire, Bachar Al Assad, récolte la colère de ses plus fidèles alliés. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui s´est pourtant souvent présenté comme «un ami» du président syrien a accusé le régime de commettre des «atrocités», selon l´agence turque Anatolie qui rapportait ses propos. «J´ai parlé à M.Assad il y a quatre ou cinq jours... Mais ils (les Syriens) sous-estiment la situation... Et malheureusement, ils ne se comportent pas humainement», a dénoncé M.Erdogan dans une interview télévisée jeudi soir. Le Premier ministre turc, qui avait déjà appelé M.Assad à mener des réformes en profondeur, a décrit la manière dont des femmes ont été tuées par les forces de sécurité syriennes comme une «atrocité», jugeant plus généralement que la répression des manifestations en Syrie était «inacceptable». Dans ce contexte, la Turquie ne peut pas défendre la Syrie, a-t-il expliqué, précisant que les frontières de son pays restaient ouvertes aux réfugiés syriens. Un geste de solidarité et de noblesse humanitaire de la part des autorités turques, qui auraient pu fermer leurs frontières pour des raisons sécuritaires. A New York, le Conseil de sécurité de l´ONU peine, en revanche à s´entendre sur une résolution condamnant la répression, présentée par des pays européens et soutenue par les Etats-Unis. La Russie, dernière puissance à n´avoir pas (encore) lâché Al Assad, continue en effet de s´opposer au projet de résolution, estimant qu´il risque d´aggraver la situation. Cependant, un représentant spécial du président russe a annoncé hier, qu´il allait bientôt recevoir une délégation de l´opposition syrienne à Moscou. Sans pour autant préciser l´objet exact de la visite, ni la date de cette visite. De leur côté, les autorités syriennes avaient affirmé, lundi dernier, que 120 policiers avaient été tués à Jisr al-Choughour par des «groupes armés». A cette affirmation, les militants des droits de l´homme en Syrie et différents témoins ont démenti les faits. Pour sa part, le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a dénoncé hier le «massacre de vies innocentes» commis par le régime syrien. «Et je pense que tout le monde doit se poser la question de savoir si Assad a la légitimité pour gouverner son propre pays après ce type de massacre», a-t-il ajouté. Mettant sur la table cette nouvelle donne, qu´est la question de «la légitimité» du pouvoir syrien, M.Gates donne un nouvel angle de lecture des événements. Cette brèche pourrait, effectivement, être utilisée par les Occidentaux pour légitimer une éventuelle ingérence ou intervention sur le sol syrien. Un remake du scénario libyen. Le président américain Barack Obama avait affirmé, le 19 mai, que «Le président Assad est maintenant face à un choix. Il peut diriger la transition, ou s´écarter». rappelle-t-on La communauté internationale s´efforce, jusque là, de pousser le régime à mettre fin à la répression qui a fait plus de 1100 morts et au moins 10.000 arrestations depuis le début de la contestation le 15 mars, selon les associations de défense des droits de l´homme syriens.