Le Vietnam a entamé hier une série d´exercices militaires à tirs réels en mer de Chine méridionale, s´engageant sur la voie chaotique du bras de fer, au moment où les tensions se sont accrues ces derniers jours entre Hanoi et Pékin autour de deux archipels disputés. Une vieille querelle sur les îles Paracels et Spratleys, supposées riches en pétrole et traversées par des voies maritimes internationales, connaît un regain de tension qui inquiète les Etats-Unis et menace, selon les analystes, de tourner à l´épreuve de force. Selon un officier, la marine vietnamienne a achevé à midi (05h00 GMT) une première série de tirs réels de quatre heures près de l´île Hon Ong, au large des côtes vietnamiennes, à environ 250 km des Paracels et mille des Spratleys. «Un exercice similaire est prévu dans la soirée au même endroit mais avec des méthodes différentes», a-t-il ajouté sous couvert de l´anonymat. Mais aucun tir de missile n´était prévu. Les Spratleys sont aussi revendiquées, en partie ou en totalité, par les Philippines, Brunei, la Malaisie et Taiwan. Mais c´est clairement entre Hanoi et Pékin que le durcissement est le plus évident. La crise actuelle date du mois dernier, lorsque Hanoi avait accusé Pékin d´avoir «violé» sa souveraineté dans une zone qui couvre 200 milles depuis la côte vietnamienne, lorsqu´un navire d´exploration du groupe public d´hydrocarbures PetroVietnam avait été endommagé par des bateaux chinois. Un incident similaire s´était de nouveau produit jeudi dernier. Les Etats-Unis se sont déclarés «troublés» par ces tensions, en réclamant une solution «pacifique». Pékin, qui a plusieurs fois demandé à Hanoi de cesser ses explorations dans les eaux disputées, n´a pas réagi depuis l´annonce vendredi de ces exercices à tirs réels. La porte-parole vietnamienne des Affaires étrangères, Nguyen Phuong Nga, a certes évoqué un simple «entraînement annuel de routine». Mais l´exercice «est conçu pour envoyer un message à la Chine que le Vietnam refuse de se faire bousculer», a estimé hier Ian Storey, un expert de la sécurité régionale pour l´Institut des études du sud-est asiatique à Singapour. «Je pense que les Chinois vont le prendre très mal». Un affrontement dans cette zone entre les deux pays, en mars 1988, avait entraîné la mort de quelque 70 Vietnamiens. «Personne ne veut une guerre mais la possibilité de quelques tirs de colère ou d´une collision entre navires a augmenté», a confirmé Ralph Cossa, président pour l´Asie-Pacifique du Centre des études stratégiques et internationales de Washington, convaincu pour autant que les protagonistes veilleraient à ce que la situation «n´échappe pas à tout contrôle». Hier, Manille a pour sa part indiqué qu´elle adoptait un nouveau nom pour la zone disputée. «Toutes les autres nations désignent la mer de Chine méridionale en fonction de leur propre perception. Le Vietnam l´appelle mer de l´Est´´, il est donc naturel pour nous de l´appeler mer des Philippines occidentales´´», a indiqué Edwin Lacierda, porte-parole de la présidence philippine.