Les médicaments contrefaits bénéficient d'une autorisation de mise sur le marché national «Les produits contrefaits dont on parle, sont des fortifiants.» La Douane accuse les importateurs d´introduire sur le marché des médicaments contrefaits. Le ministre de la Santé, le directeur général du Lcpp, les importateurs agréés et le syndicat des officines nient l´existence de ce phénomène. «60% des produits importés en Algérie destinés à la revente en l´état sont contrefaits», selon le directeur général des Douanes, Mohamed Abdou Bouderbala qui a tiré hier la sonnette d´alarme contre ce phénomène. Plus grave encore, la contrefaçon s´est étendue jusqu´aux médicaments touchant ainsi directement la santé des personnes, a mis en garde M. Bouderbala. Interpellé, le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès a catégoriquement nié l´existence d´un quelconque médicament contrefaits sur le marché. «Chaque médicament, même ceux produits localement, passe par nos contrôles. Les médicaments sont soumis à un strict contrôle ou nano-contrôle», a-t-il indiqué en marge de la signature d´un arrêté interministériel entre les départements de la Santé et de l´Industrie, pour la mise en place d´un comité d´appui au dossier de partenariat algéro-américain dans le domaine de la biotechnologie. Le pire c´est que les médicaments contrefaits bénéficient d´une autorisation de mise sur le marché national. Interrogé à ce propos, le directeur du Laboratoire de contrôle de produits pharmaceutiques, le Dr Mansouri, nous a signifié que «chaque médicament qui entre en Algérie passe obligatoirement par le Laboratoire. Quand il y a une anomalie ou un médicament incriminé il est automatiquement ramené chez nous. Et si on découvre un médicament contrefait, cela voudrait dire qu´il n´est pas passé par le circuit formel». «Les produits contrefaits dont on parle, sont des fortifiants, les produits parapharmaceutiques et cosmétiques qui sont du domaine du département du Commerce», a-t-il fait savoir. Et d´ajouter: «S´il s´agit de l´informel ou des médicaments introduits dans des cabas, c´est la Douane qui n´a pas joué son rôle.» Les services de santé sont-ils outillés pour réagir rapidement et alerter les malades, les pharmaciens et les médecins prescripteurs? «Le département a acquis cette année 3 équipements d´Allemagne destinés au contrôle des médicaments», a affirmé avant-hier, Oud Abbès. Contacté hier, Nabil Mellah, un membre de l´Union nationale des opérateurs pharmaceutiques, Unop, dira dans ce contexte que «la contrefaçon dans les produits pharmaceutiques est très insignifiante pour ne pas dire inexistante car la commercialisation de chaque médicament est soumise au préalable à la délivrance d´une certificat de conformité par le Lcpp». Le président du Syndicat national des pharmaciens d´officine, Snapo, qui dit que le phénomène de la contrefaçon est mondial, estime que «toutes les 8000 officines existantes sont approvisionnées en médicaments portant des vignettes légales et référencées, et ce que se soit par des laboratoire étrangers, les importateurs agréés ou les laboratoires locaux». Concernant la lenteur ou le manque de suivi des opérations de retrait de médicaments contrefaits, ce pharmacien, explique que «chaque alerte est répercutée immédiatement sur le site Web du Snapo». On se souvient de l´alerte donnée pour le retrait du Glucophage, un produit indispensable pour les malades chroniques (diabétiques). C´est la troisième fois depuis le début de l´année en cours qu´une alerte de retrait du marché de médicaments mis en circulation est lancée par le ministère de la Santé. Le Laboratoire de contrôle des produits pharmaceutiques (Lcpp) dépendant du ministère de la Santé a expliqué après coup qu´«il n´y a pas eu erreur de dosage mais d´impression mentionnant 500 mg au lieu de 850 mg». La direction de la Pharmacie centrale a notifié, en date du 27 mars 2011, une décision de retrait d´un autre médicament, Cebemyxine, un collyre en solution. Ce sont les Laboratoires Chauvin qui ont procédé au rappel volontaire de ce médicament. Cette fois, l´ensemble des lots du médicament incriminé, sont concernés par le retrait en raison de la non-conformité de son principe actif, selon la note de ladite pharmacie. Cela à l´évidence, soulève la question de viabilité des contrôles des médicaments. Deux autres produits, largement utilisés en Algérie, sont placés sous surveillance au niveau international. Il s´agit du Vastarel ou Trimetazidine et du Zyprexa ou Olanzapine, destinés essentiellement aux malades chroniques.