Prévu devant le Palais du gouvernement, le sit-in d'aujourd'hui a été déplacé à Blida. Le Collectif autonome des médecins résidents (Camra) ne décolère pas. La révolte est d´autant plus grande qu´il s´agit de la «hogra» dont sont victimes leurs collègues de l´hôpital Frantz Fanon de Blida. «On est indignés devant la ponction sur salaire qu´ont subie les résidents de Blida. Cette décision est abusive et illégale, on a consulté un avocat qui a été catégorique quant à l´illégalité de ce retrait», dénonce-t-il. L´avocat en gestion, leur a expliqué que juridiquement parlant on ne pouvait pas, comme c´est le cas pour les résidents de Blida, bloquer tous les salaires d´un seul coup. «La loi est claire, en cas de grève de fonctionnaires: pour un mois de grève, 3 jours par mois leur sont retirés sur une période s´étalant sur 10 mois», explique le Dr Merouane, l´un des délégués du Camra. «En plus, nous on n´est pas des fonctionnaires, on n´a pas de salaire mais des indemnités...Mais le plus grave est le fait que cette décision de blocage de salaire a été faite par le directeur de l´hôpital, ce qui constitue un grave dépassement de ses prérogatives», ajoute-t-il. C´est pour cette raison que le Camra a décidé de déplacer le sit-in d´aujourd´hui, qui était préalablement prévu devant le Palais du gouvernement, vers l´hôpital Frantz-Fanon. «Lors de notre réunion de Constantine (dimanche Ndlr), on avait programmé un sit-in national devant le Palais du gouvernement. Mais l´urgence de la situation a fait que nous déplacions ce sit-in national vers Blida», révèle le Dr Sahnoune, porte-parole du Camra. Les délégués du Camra ont ainsi rejoint hier leurs collègues de Blida pour disent-ils, leur exprimer leur soutien et leur solidarité. Et cela avant que le reste des résidents du pays ne déferlent aujourd´hui sur la ville des Roses. «Malgré la suspension de salaire, les résidents de Blida restent en grève. Ils en savent que le Camra est solidaire, il ne les laissera pas tomber», assure le Dr Sahnoune. Ce dernier dit que les résidents sont conscients qu´ils doivent subir les conséquences de leur grève, mais que cela se fasse dans les règles de l´art. «Nous acceptons tout ce qui découle de notre grève. Mais que cela se fasse d´une façon légale. Ce qui se passe à Blida est tout simplement une rupture unilatérale de contrat. Alors qu´ils en assument les conséquences!», peste-t-il. «Le pire dans l´histoire est le fait que cette décision ait été ordonnée par le ministère de la Santé. C´est du moins ce que nous a révélé le directeur du CHU et celui des ressources humaines», dénonce-t-il. Cette suspension de salaire qui est la seule signalée au niveau national amène les résidents à s´interroger sur les raisons qui poussent le ministère à «continuer ses manoeuvres machiavéliques» à l´hôpital de Blida. «Pourquoi Blida et pas un autre CHU? On se demande quelles sont les vraies raisons du choix de l´hôpital Frantz-Fanon, et pas un autre? Il y a quelque chose derrière tout cela», s´interroge le Dr Sahnoune. Malgré tout, il affirme que son collectif est ouvert au dialogue. «On reste toujours ouverts au dialogue, qu´ils nous proposent des idées qu´on soumettra à la base pour la décision finale», tient-il à préciser. Il se dit également fier du mouvement des résidents qui a enfin ouvert un débat national sur l´état de la santé algérienne. Pour finir, le Dr Sahnoune réitère que la priorité des résidents est la santé des Algériens. «C´est ce qui nous maintient debout et toujours solidaires. Si c´était derrière l´argent qu´on courait, on aurait de suite accepté le très alléchant régime indemnitaire proposé par les autorités», conclut-il.