Le secteur de la santé s'enlise dans la crise. Alors que le ministère de la Santé refuse toute autre communication que la sanction salariale, les hôpitaux sombrent de plus en plus dans une ambiance délétère après près de 3 mois de grève. Les médecins résidents refusent de renoncer à leurs revendications et se révoltent même, à présent, contre des problèmes que cette crise dévoile au grand jour. Insécurité dans les hôpitaux, administrations démissionnaires, les médecins résidents montrent du doigt tout ce qui bloque le système de santé algérien, en plus de la principale revendication de leur mouvement : l'abrogation du service civil. Un sit-in sera organisé ce matin même par le Collectif des médecins résidents (Camra) à l'hôpital de Blida. Initialement prévu en face du Palais du gouvernement, ce rassemblement a été déplacé au CHU de Blida en raison des pressions que l'administration fait justement subir aux grévistes de cette wilaya. «Nous ne comprenons pas pourquoi les directeurs d'hôpitaux appliquent des instructions données très souvent verbalement sans respecter les lois de la République. Nous trouvons révoltant que ces directeurs obéissent au doigt et à l'œil juste pour se maintenir en place. On a choisi de tenir notre sit-in à Blida justement par solidarité avec nos confrères dont les salaires ont été bloqués», explique le Dr Yelles, porte-parole du Camra. Les salaires des résidents de Blida ont justement été bloqués par le directeur de l'hôpital qui aurait reçu cette instruction verbale par le secrétaire général du ministère de la Santé au début du mois. Résultat : les résidents ont saisi des avocats qui leur ont confirmé que cette décision est illégale et arbitraire. Ces intimidations semblent vaines étant donné que les médecins résidents se disent prêts à aller jusqu'au bout. Une résidente violemment agressée à Parnet Autre motif de révolte des médecins résidents ces derniers jours, l'insécurité et les conditions de travail au sein des hôpitaux. Une résidente du service cardiologie de l'hôpital Parnet a été agressée dimanche soir dernier alors qu'elle effectuait sa garde. En l'absence d'agent de sécurité à l'intérieur du service, un accompagnateur de malade impatient s'en est d'abord verbalement pris à elle, avant d'oser lui cogner la tête contre le mur. «Ce qui me révolte le plus c'est d'avoir subie une telle atteinte à ma personne sans qu'il y ait personne pour me défendre», confie-t-elle encore bouleversée par cette mauvaise expérience. D'autres résidents du service n'hésiteront pas à s'exprimer à sa place : «On a pas d'agent de sécurité dans notre service et l'administration refuse de s'organiser pour garantir notre sécurité», explique une autre résidente. Le Camra n'a pas hésité à s'offusquer, au nom de tous les résidents, de ce cas. «Ça entre justement dans le cadre de toutes les absurdités que nous dénonçons depuis des mois. Le système de santé actuel n'assure pas la sécurité des médecins et obéit à des logiques révoltantes en laissant ses médecins et ses malades à l'abandon», explique encore le Dr Yelles. Le rassemblement, qui sera organisé ce matin à Blida, se veut, justement, «un rendez-vous pour sensibiliser le plus grand nombre», ont-t-ils précisé.