Il n'est pas logique que le parti du docteur Sadi ouvre un nouveau front avec les ârchs en ordonnant à ses troupes de se redéployer dans cette partie du pays. Le moins que l'on puisse dire, c'est que le RCD n'a pas raté sa première sortie médiatique après un silence de nombreux mois et une absence quasi totale sur le terrain. Le premier responsable du RCD à Béjaïa, dans une conférence-débat animée hier, a donné le ton de ce que sera le prochain discours du docteur Saïd Sadi, attendu demain à Tizi Ouzou. Le responsable béjaoui du RCD a fait flèche de tout bois, tirant littéralement sur tout ce qui bouge. L'on comprend d'autant mieux les raisons qui le pousse à demander une amnistie fiscale de deux longues années aux opérateurs économiques locaux. Le RCD est déjà entré en campagne. La candidature du docteur Sadi ne fait plus de doute pour personne. C'est pourquoi, et pour la première fois depuis la naissance du mouvement des ârchs, ce dernier a été indirectement critiqué par le représentant de Saïd Sadi qui a clamé haut et fort que «ce mouvement ne devait pas se substituer aux partis politiques». On voit mal, ce disant, le RCD se faire le défenseur, entre autres, de son frère ennemi, le FFS. S'il est arrivé à tenir de pareils propos, c'est que les relations entre le RCD et le mouvement des ârchs ne sont plus au beau fixe. Des sources proches de ce mouvement nous ont indiqué à ce sujet que «le RCD a mal réagi devant les propos tenus récemment par le délégué d'El-Kseur, Ali Gherbi», qui était l'invité de notre rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression». Il avait, entre autres, parlé de «délégués partisans, visant tout particulièrement ceux du RCD depuis le retrait du FFS à la suite de sa participation aux élections locales, mettant en avant leur impossibilité d'imposer leur vision et ligne aux ârchs». Ali Gherbi était allé encore plus loin en soulignant que «le mouvement des ârchs pourrait présenter son propre candidat». Nos sources précisent à ce propos que «le parti du docteur Sadi a deux principaux griefs retenus contre le mouvement des ârchs». Ces reproches, au demeurant, sont liés l'un à l'autre. Le premier concerne le fait que les délégués aient «catégoriquement refusé de soutenir une candidature de Sadi, préférant se ranger de l'avis de Ali Gherbi et présenter, le cas échéant leur propre candidat». Le second concerne «la baisse d'influence de plus en plus grande des militants du RCD au sein du mouvement au point que l'on en parle aujourd'hui, pour la première fois au grand jour, ce qui n'est guère au goût de Sadi et de ses lieutenants qui avaient même en tête, à un certain moment, de quitter le navire RCD en train de couler afin de se transborder avec armes et bagages dans le mouvement des ârchs et le transformer en une puissante machine électorale». Dans tous les cas de figure et avec la très probable tombée de l'invitation présidentielle au dialogue dans les prochains jours, le RCD court droit au-devant de nouvelles mésaventures aux conséquences incommensurables pour ce parti irrémédiablement en perte de vitesse.