Le Rassemblement pour la culture et la démocratie serait partant pour l'élection présidentielle de 2004, apprend-on de sources généralement bien informées. La nouvelle orientation politique que le président du parti, le Dr Saïd Sadi, s'apprête à donner à ses militants, serait destinée à faire barrage à la reconduction du Président Bouteflika pour un deuxième mandat, ajoute-t-on de mêmes sources. Les récentes actions que le RCD a menées avec ses alliés du «pôle démocratique», aussi bien à Alger qu'à l'ouest du pays, s'inscriraient également dans ce sens. Il faut dire que l'idée de «refondation nationale» qu'a développée le parti depuis son retrait du gouvernement n'a pas eu les résultats escomptés sur la scène politique nationale. Il semble, toutefois, que ce changement de cap que le Dr.Sadi veut donner à son parti est en rapport avec la crainte que l'électorat de la région de Kabylie ne soit neutralisé en 2004 en raison de la persistance du bras de fer entre les ârchs et le pouvoir politique. L'imbroglio kabyle serait favorable au Président Bouteflika, estiment les observateurs politiques. Conscient de cet état de fait, et profitant du fait que le FFS ait tiré son épingle du jeu, laissant un grand vide dans le mouvement, le parti de Sadi a pesé de tout son poids en faisant avancer l'idée que le salut du mouvement citoyen réside dans son ouverture aux représentants des partis politiques, des organisations de la société civile et des personnalités nationales. C'est la recommandation d'un document de réflexion destiné au mouvement citoyen et dont la rédaction est l'oeuvre d'un noyau du mouvement qui est implanté dans le fief du RCD dans la wilaya de Béjaïa. Le parti serait-il donc en phase de capitalisation du mouvement du Printemps noir et du ressentiment qu'éprouve la population à l'égard du Président Bouteflika en vue d'un redéploiement dans la perspective de l'échéance électorale de 2004? Il semble bien que oui si l'on tient compte du fait que le RCD, comme tout parti politique qui se respecte, aspire à prendre le pouvoir et une absence prolongée des joutes électorales, pour quelque raison politique que ce soit, ne manquerait pas d'avoir des effets néfastes et saper le moral des troupes. Toutefois, l'idée d'une conférence nationale que le RCD préconise pour le mouvement n'est pas partagée par l'ensemble des délégués. Cela expliquerait les reports successifs de la réunion de l'interwilayas des ârchs, preuve en est que les velléités d'impliquer directement la crise en Kabylie dans la bataille pour la présidentielle ne fait pas l'unanimité au sein du mouvement. Bien au contraire, beaucoup de voix à l'intérieur des structures du mouvement citoyen veulent l'aboutissement d'une solution politique pacifique dans les plus brefs délais afin de «couper l'herbe sous le pied de ceux qui veulent marchander leur participation à la présidentielle en se présentant comme représentants exclusifs de la Kabylie». Quant au choix du candidat pour la présidence de la République, les observateurs politiques invitent à méditer sur la participation du RCD aux élections de 1995. Celle-ci est intervenue, pour rappel, juste après la fin de la grève du cartable en Kabylie et les négociations avec le pouvoir ont été menées unilatéralement par des militants de ce même parti. D'où l'hypothèse selon laquelle le président du RCD ne se présentera pas à l'élection et que la mouvance «démocratique» dégagerait un candidat par consensus. Des noms circulent d'ores et déjà. On parle de Sid-Ahmed Ghozali. Mais ce dernier aurait déjà pour mission de grignoter à Bouteflika l'électorat de l'Ouest.