Le vent de la «protesta» continue de souffler sur la wilaya de Annaba. Après une courte accalmie, l'affichage des listes des bénéficiaires des logements sociaux au nombre de 100, au profit des habitants des deux quartiers respectifs, les Lauriers Roses et Bourmet El Ghez, ont allumé la mèche d'une contestation qui a sérieusement paralysé la ville. En effet, cet affichage de la discorde a été émaillé de graves incidents, provoqués par les exclus des listes des bénéficiaires des logements sociaux, qui ont, très tôt dans la matinée du jeudi, investi la voie publique. Routes bloquées, pneus brûlés, jets de pierres et destruction des biens d'autrui, voitures notamment. En somme c'est une atmosphère d'émeute qui a régné avant-hier à Annaba, où le ciel était couvert d'une dense fumée noire. La colère des contestataires, qui a, visiblement atteint son apogée, a été provoquée, selon certains contestataires, qui ont farouchement dénoncé la «hogra» et la politique du deux poids, deux mesures, dans l'attribution des logements sociaux, par la précarité de leurs conditions de vie. La foule en furie a pointé, comme à chaque opération d'affichage, un doigt accusateur contre les services concernés de la wilaya. La grogne des habitants de ces deux quartiers, aussi populaires que populeux, situés sur le boulevard Didouche-Mourad, a failli dégénérer et tourner à l'émeute, n'était le déploiement d'un important dispositif sécuritaire, composé des éléments antiémeute et des casques bleus, parant ainsi à toute éventualité. Selon certains citoyens approchés, «l'élaboration des listes des logements sociaux n'est pas faite consciencieusement, nous sommes des cas plus urgents, mais nous n'avons pas été portés sur les listes des bénéficiaires», dira Djelloul, père de famille, habitant une buanderie, avec deux enfants depuis plus de 16 ans. Selon les contestataires, il y a des personnes qui ne sont pas dans le besoin, mais en ont bénéficié. Une réplique qui revient à chaque affichage. Une information dont la véracité reste à vérifier. Par ailleurs, toujours sous les rafales des vents violents qui s'abattent, depuis le jeudi dernier, sur Annaba, pour les habitants de Refas Zahouan, en front de mer, zone Nord de Annaba, même décor même constat: route bloquée, pneus brûlés et périmètre quadrillé par les forces de l'ordre, pour faire face à des centaines de familles sorties dans la rue revendiquer de «l'eau». Sans ce liquide précieux depuis plus de 15 jours, les contestataires ont traité de tous les qualificatifs les responsables de la wilaya, notamment le président d'APC et les élus qui, selon eux, sont à l'origine de tous les désagréments que vit la commune de Annaba. «Nous n'avons pas de maire, encore moins de représentants du peuple...» ont crié les habitants en colère «ils ne représentaient que leurs propres intérêts, d'ailleurs, nous ne les avons pas élus, ils ont été placés..., sinon comment expliquer que la ville de Annaba, celle qui était autrefois la Coquette, est devenue aujourd'hui, la ville la plus sale, la plus dangereuse...», a crié un homme âgé, se disant déçu de vivre ses derniers jours, dans une ville aussi clochardisée que Annaba, où l'eau, en cette période des grandes chaleurs, est devenue une denrée rare. Sans eau depuis 15 jours, les habitants se sont retrouvés dans l'obligation d'acheter ce liquide à raison de 350 DA le jerrican. Ces mouvements de protestation, ont été à l'origine de la perturbation du trafic routier, qui a pénalisé les automobilistes, contraints de faire des «périples», pour se rendre, les uns au nord, les autres au sud de la ville.