L'ancien négociateur des accords d'Evian s'est prononcé jeudi en faveur d'une solution «rationnelle et réaliste» de la question sahraouie, qui tienne compte des aspirations du peuple sahraoui. L'Union maghrébine n'est pas une vue de l'esprit. Il n'empêche qu'elle reste à construire. C'est «un devoir historique qui nous interpelle», a souligné l'ex-chef de gouvernement à l'occasion de la deuxième Université d'été des cadres du Front Polisario et de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) qui s'est ouverte, jeudi, à Boumerdès, il n'en demeure pas moins que le conflit du Sahara occidental a brisé net l'élan impulsé pour son édification. Quelles conséquences pourrait avoir l'indépendance de ce territoire sur le projet de construction de l'UMA? «L'indépendance du Sahara occidental ne saurait constituer un obstacle dans l'histoire du Grand Maghreb arabe mais permettra plutôt l'instauration de la paix, la stabilité et la prospérité pour les peuples de la région», a fait remarquer Rédha Malek. Une analyse qui se rapproche de celle d'un autre ancien chef de gouvernement qui s'était exprimé sur ce sujet dans les colonnes de Maroc Hebdo international. Il avait écarté, d'un revers de la main, la référence à la question du Sahara occidental pour expliquer les tensions entre Rabat et Alger. «Vous trouverez dans notre histoire commune des précédents multiformes, positifs ou négatifs, qui invalident totalement une telle assertion. A titre d´exemple, le soutien massif et définitivement ancré dans notre mémoire collective, que le Maroc, peuple et dirigeants confondus, a accordé à la Révolution algérienne, a précédé de loin la question sahraouie, la guerre de 1963 aux frontières aussi, les Accords d´Ifrane de 1972 aussi...» avait expliqué Sid Ahmed Ghozali dans un entretien paru dans l´édition du 3 au 9 juin 2011 de l´hebdomadaire marocain. La mise en oeuvre d'un référendum d'autodétermination demeure incontournable pour mettre fin à un conflit qui dure depuis plus de 35 ans. La voix du peuple sahraoui déterminera l'avenir de ce territoire. «Votre combat qui dure depuis plus d'une trentaine d'années est marqué par la résistance et la disposition de tout un peuple de se sacrifier pour la dignité et la souveraineté de son territoire», a indiqué Rédha Malek. Le dernier mot doit revenir au peuple sahraoui qui décidera de l'avenir de ce territoire. L'écheveau reste à démêler. Les puissances étrangères qui interfèrent sur le règlement du conflit du Sahara occidental sont interpellées: la France pour cesser d'entraver la mise en oeuvre d'un mécanisme de contrôle des droits de l'homme au Sahara occidental et l'Espagne pour sa responsabilité historique dans ce conflit. «Une situation qui perdure en raison de l'obstination marocaine, de l'entrave française et du désengagement de l'Espagne de ses responsabilités en matière de décolonisation», a déclaré le Premier ministre sahraoui dans une allocution prononcée le 7 juillet 2011 à l'occasion de l'ouverture de la deuxième Université d'été des cadres du Front Polisario à laquelle ont pris part 400 dirigeants sahraouis, des membres du corps diplomatique, des représentants d'association et de partis politiques algériens. Le patron de l'exécutif de la Rasd a saisi cette opportunité pour rappeler la position du Front Polisario à propos de la nouvelle constitution marocaine qui a été plébiscitée le 1er juillet (plus de 98%). «Cette Constitution ne nous concerne pas du tout et nous n'avons aucune relation avec elle. Nous avons d'ailleurs dénoncé la célébration du référendum de la Constitution dans les territoires occupés et envoyé une lettre de protestation au SG de l'ONU», a tenu à préciser Abdelkader Taleb Omar à la presse, en marge des travaux de la deuxième Université d'été des cadres du Front Polisario. Une mise au point nécessaire avant le 8e round de pourparlers informels qui doivent, en principe, se tenir dans la deuxième semaine du mois de juillet. Des retrouvailles entre Sahraouis et Marocains sur fond de frémissements d'un réchauffement des relations algéro-marocaines.