Le CNT et son président, Mustapha Abdeljalil, par leur irrédentisme qui veulent «tout ou rien» sont les principaux obstacles à une issue pacifique en Libye La guerre sale en Libye s'inscrit-elle dans la foulée des événements du Printemps arabe? Le crise libyenne est tellement sur-médiatisée et entourée de zones d'ombre que beaucoup de spécialistes et observateurs avertis relèvent nombre de faits qui appellent moult interrogations: quels sont les tenants et les aboutissants de cette sale guerre? Les Libyens s'entretuent et se livrent à une guerre fratricide, arbitrée par d'ex-forces coloniales. Orchestrée par des mains étrangères ou enclenchée par des opposants à Mouamar El Gueddafi, la crise libyenne pose, cependant, une somme de questions capitales, à savoir: pourquoi le Conseil national de transition libyen (CNT) refuse et rejette toute forme de sortie de crise à caractère pacifique et politique? Pourquoi l'Occident a donné sa bénédiction au CNT, alors qu'il compte dans sa composante, ex-terroristes, peut-être encore en connexion avec d'autres réseaux actifs, et de proches du régime libyen? A qui profitera le vide sécuritaire en Libye? Autant de questions, qui demeurent sans reponses. Soutenu politiquement et militairement par la France, l'Italie, la Grande-Bretagne, en l'occurence les ex-puissances coloniales, et appuyé par les Etats-Unis, le Conseil national de transition libyen, récuse donc un quelconque règlement politique de la crise. Cependant, des propositions portant sur un règlement politique de la crise ne manquent pas et ont été formulées par l'Union africaine, la Ligue arabes ainsi que d'autres initiatives, moins médiatisées. Contrairement au CNT, une bonne partie des Libyens proches de Mouamar El Gueddafi, exclu des médias occidentaux et orientaux, ont salué les initiatives de paix qui leur ont été proposées. Le CNT, réclame armes et soutien diplomatique en promettant, en contrepartie, des contrats d'investissement et d'exploitations des richesses libyennes qu'il semble s'être offert le droit de brader. Ce que n'excluent pas des experts occidentaux. Pas pour défendre Mouamar El Gueddafi, un dictateur ignorant tout sens de la démocratie et de la liberté, mais pour que la vérité sur la Libye soit dite. Sur ce chapitre, des spécialistes occidentaux soutiennent que la crise libyenne a été bel et bien décidée et montée de toutes pièces de l'extérieur, puis confiée à des Libyens. Affirmative et catégorique, une délégation internationale d'experts indépendants a noté dans son compte rendu de mission d'évaluation auprès des belligérants libyens et pro-El Gueddafi que «le conflit en Libye est un complot orchestré par les pays occidentaux et le Qatar». L'intervention occidentale en Libye, a souligné la délégation dans son rapport, menace de déstabiliser tout le Maghreb. Du même, elle a jugé que cette intervention constitue plutôt un problème qu'une solution. La guerre en Libye a été décidée de l'extérieur Dans son rapport de mission, le Centre international de recherche et d'études sur le terrorisme et d'aide aux victimes du terrorisme (Ciret-avt) a fait savoir que le CNT est une formation antidémocratique. Il est composé, a-t-il assuré, d'anciens partisans du colonel El Gueddafi, de monarchistes, d'ex-terroristes et d'islamistes radicaux. «Le soulèvement libyen ne présente aucun caractère spontané, il procède de la volonté indépendantiste des habitants de Cyrénaïque, animés par la volonté d'imposer un régime islamiste», a indiqué le rapport du Ciret-Avt, précisant également que depuis la prise par l'opposition libyenne de toutes les casernes dans l'est du pays, où s'est implantée la rébellion, des tonnes d'armes ont disparu, tombées entre des mains inconnues. Cette alerte a été donnée par les services de renseignements occidentaux. «Les services secrets internationaux sont très inquiets. Il s'agit d'une injection massive d'armes dans les réseaux de trafic internationaux», assure Eric Dénécé, expert international dans le domaine du renseignement. Il est à noter qu'une délégation américaine s'est rendue le mois dernier en Algérie. Sa mission est, croit-on savoir, de travailler à la traçabilité des missiles. Américains et Algériens, sont, dit-on, très inquiets. La Libye qui est devenue aujourd'hui un enjeu sécuritaire régional, objet d'une guerre fratricide, s'inscrit-elle dans la foulée du Printemps arabe? Un Printemps, faut-il relever, porteur d'espoir et de renouveau, lors duquel les peuples arabes ont réclamé et revendiqué pacifiquement liberté et démocratie. A l'évidence, la crise libyenne est plutôt une pièce théâtrale, conçue et montée de l'extérieur, où les rôles ont été distribués par un metteur en scène. C'est dire que les uns jouent pour gagner et les autres trichent pour ne pas perdre. Ainsi, en Tunisie, en Egypte, au Yémen et en Syrie, islamistes et laïcs, hommes et femmes, ensemble, crient leurs ras-le-bol. Ils réclament des changements et un renouveau. C'est «le réveil des peuples», dit-on. Donc, après bien des décennies de souffrance, des milliers de personnes s'opposent pacifiquement à l'autoritarisme de leurs dirigeants et rejettent toutes formes d'ingérence. Sans pour autant recourir aux alliance avec les ex-forces coloniales, et/ou à l'usage des armes, les révolutions arabes ont pu chasser Ben Ali du pouvoir en Tunisie et contraindre Hosni Moubarak à lâcher prise en Egypte. Les motivations des Egyptiens, des Yéménites, des Syriens, sont les mêmes que celles des Tunisiens: ils réclament du travail, une justice sociale, des conditions de vie décentes, plus de liberté et des réformes démocratiques, avant de réclamer le départ de leurs dirigeants, finissants et d'une autre époque. Pacifiquement, certains peuples arabes ont pu enfin parvenir à déchoir leurs dictateurs, sans armes et sans alliés. Par contre que réclament les Libyens, singulièrement absents de la bataille pour la démocratie, et particulièrement le CNT, cet organisme occulte, adepte de tout ou rien, fort du soutien des forces plus préoccupées de leurs intérêts que du devenir du peuple libyen? nul ne le sait encore.