La réunion sur la Libye regroupant près de 63 pays, jeudi à Paris, a abouti au dégel de 15 milliards des avoirs libyens au profit du CNT et annoncé la poursuite des opérations de l'Otan en Libye ; il a été aussi demandé au Conseil national libyen d'entamer incessamment l'application de sa feuille de route politique. Le groupe de contact sur la Libye installé à Paris au commencement de la crise libyenne, en février, à l'initiative de Paris, a été baptisé par le président Sarkozy, lors de «la conférence de soutien à la Libye nouvelle», tenue jeudi en France, «Les amis de la Libye». Cet événement a été bousculé par ailleurs par les déclarations médiatiques, mercredi, de Seif El-Islam appelant à la «résistance» et celles de son père, jeudi, déclarant que «nous nous rendrons pas» et promettant «une longue lutte». L'autre préoccupation de taille pour certains, qu'ils soient de la coalition ou pas, le rôle des islamistes radicaux en Libye à court et à moyen termes. Tripoli est depuis l'entrée des rebelles sous la responsabilité militaire d'une figure connue pour son passé djihadiste. Ce qui devrait amener des profits d'ordre politique pour le courant islamiste radical représenté au sein du CNT. A ce propos, le président du CNT, Mustapha Abdeljalil, a évoqué, au cours de la conférence de presse animée à Paris conjointement parMM. Mahmoud Djibril, Sarkozy, Cameron, Ban Ki-moon, et l'émir du Qatar, que le CNT «s'engage à respecter ses engagements» pris à l'encontre de ses partenaires étrangers qui sont la promotion de la liberté, la réconciliation inter-libyenne et le respect des droits des Libyens. Ce qui devrait se traduire, selon les deux représentants du CNT, par la mise en œuvre du processus politique en Libye par le biais d'un calendrier électoral. Il s'agit, selon le représentant du CNT à Londres, El-Guamaty, de l'élection d'une assemblée d'ici huit mois et d'élections présidentielles et législatives dans 20 mois. Les appréhensions et les craintes exprimées sur la scène internationale sur l'ampleur de la circulation des armes en Libye demeurent de mise, d'autant que ces armes continuent de faire couler le sang libyen dans les combats sporadiques en Libye ou par les tirs de rebelles qui fêtent leur triomphe. D'un autre côté, on notait l'absence de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, à la conférence de presse animée par les responsables. Hillary Clinton a rencontré les deux responsables du CNT en marge de la réunion baptisée par Sarkozy «Les amis de la Libye». Ainsi, lors de sa conférence de presse, la secrétaire d'Etat américaine a mis l'accent sur la nécessité de promouvoir «la réconciliation inter-libyenne», de «condamner la violence», et demandé aux rebelles «de combattre l'extrémisme». Pour Mme Clinton, «gagner la guerre n'offre aucune garantie de gagner la paix qui s'ensuit. Ce qui se passera dans les prochains jours sera crucial», a-t-elle averti. De son côté, le président français déclarait, lors de la conférence de presse à l'issue de la réunion, que le CNT «s'engage à honorer ses promesses», ce qui pour des observateurs fait fi des divergences au sein du CNT. En ce qui concerne l'assassinat du général Abdel Fattah Younes, Mahmoud Djibril a annoncé que «l'enquête judiciaire est toujours en cours et que ses résultats seront communiqués avec transparence». Il est à rappeler que Abdel Fattah Younes a été à la tête de la lutte contre les terroristes libyens entre 1990 et 1995. D'autre part, Washington qui, depuis le début de la crise libyenne prend en compte les divergences au sein du CNT, s'inscrit comme un acteur déterminant à moyen et long termes. Pour le président français, de par la proximité géographique avec la Libye, c'est «à L'UE de s'en occuper». A l'adresse de Washington, Sarkozy ne manquera pas de souligner que «c'était le devoir de l'Europe de se préoccuper elle-même de l'équilibre et de la paix dans les zones qui lui sont proches et c'est un progrès par rapport à ce qui s'est passé il y a quelques années dans l'ex-Yougoslavie». Cela renseigne une fois de plus sur l'action militaire de l'Otan en Libye, un outil au service des appétits du système économique mondial nécessitant davantage de mainmises sur les richesses d'autrui, cela pour sa survie.