Les bonnes affaires de l'été Les marchands ambulants, dont l'âge ne dépasse pas les 15 ans, se partagent des territoires bien précis et imposent des prix excessifs... La saison estivale est une période en or pour tous les Algériens et une aubaine. Tout le monde y trouve son compte. Des vacanciers, qui cherchent à profiter de leurs congés en dépensant les économies accumulées toute l'année, au profit de ceux qui, au contraire, attendent avec impatience cette période pour se faire de l'argent de poche. Pour certains, ce gain est utilisé à des fins personnelles pour s'offrir des vêtements ou bien partir en voyage (...). Pour d'autres, cet argent sert à aider leurs parents à subvenir aux besoins de la famille. L'été est effectivement l'occasion rêvée pour les jeunes de faire valoir leurs services. A leur grande joie, ces petits métiers saisonniers ne manquent pas. De plus, le choix est là. On trouve, en premier lieu, selon une étude faite sur le terrain, les marchands ambulants qui occupent la première place, si l'on prend pour critère de sélection, la rentabilité des activités. C'est le critère à retenir dans cette étude, car le but de leur job saisonnier est de gagner un maximum d'argent en un laps de temps assez court, sinon restreint. Certains de ces marchands ambulants sillonnent les plages vendant des beignets, du pain, de la galette, mhajeb; cacahuètes, sucettes, eau fraîche, cigarettes, thé, café (...) offrant aux estivants les petites gourmandises et les gâteries fraîches, nécessaires au bien-être des estivants. Ces jeunes, habiles, dont les prix se font à leur guise, appliquent la règle du «c'est à prendre ou à laisser». C'est tout bénéfice effectivement, la plupart des gens préfèrent éviter de recourir à leurs services, mais pour la majorité «situation oblige». «Sous cette chaleur étouffante, je préfère encore payer mes cigarettes jusqu'à 80 DA plus chères plutôt que d'aller en chercher par moi-même», témoigne un jeune de 25 ans, qui se voit payer 200 DA le paquet de cigarettes au lieu de 120 DA. Un autre exemple: des sucettes qui se vendent en général, entre 25 et 30 DA, sont vendues à 50 DA (dans le meilleur des cas), pour le bonheur des enfants et au grand dam des parents. Ces marchands ambulants sont généralement des jeunes, dont l'âge ne dépasse pas (pour la plupart) 15 ans, et qui se partagent des territoires bien précis. Une vraie petite organisation mafieuse. Cependant, ce qui soulève des interrogations est la présence constatée de très jeunes gamins de 5 ans parmi les «revendeurs», sur les plages, portant des couffins d'une dimension et d'un poids supérieurs à leurs capacités physiques. A ce sujet, un psychologue affirme que «c'est une responsabilité bien trop lourde pour des enfants, elle est aussi dangereuse, et pour leur santé et pour leur personne». Il y a aussi l'aspect psychologique qui risque de faire défaut à ces petits. «Un enfant est, et reste enfant. Le fait de le faire travailler à un âge aussi précoce où il devrait être en train de jouer et de s'épanouir, risque de lui porter tort et de le répugner à vouloir un jour un diplôme.» Quant aux autres services dont bénéficient les baigneurs, il y a la vente de beignets à un prix supérieur ou inférieur à 30 DA (cela dépend du prix des ingrédients de base), des mhajeb à 35 DA (...) On peut catégoriser ce genre de business de «100% bénef». Car ce sont généralement les mamans qui préparent les couffins aux enfants, après avoir stocké ces produits alimentaires à la maison. Mais pour cette catégorie de petits soldats de l'été, l'argent va généralement, voire tout le temps, dans les poches des parents, ou des «gourous», selon le cas. L'autre job le plus en vue durant la saison estivale réside dans la restauration. Une tout autre catégorie de personnes assure ce créneau. Pour la plupart, ce sont des jeunes filles ou garçons, ayant atteint l'âge de la puberté. Ces adolescents travaillent en tant que serveurs, plongeurs ou aides-cuisiniers dans des fast-foods, cafés, pizzerias, ou crémeries...Le hic avec ces métiers saisonniers, c'est qu'ils sont mal payés. Mais les jeunes, qui sont habitués à avoir zéro DA en poche, se contentent du peu qu'on leur offre. «Après tout, c'est temporaire, et ça me fait un peu d'argent», disent-ils. «C'est toujours mieux que de perdre son temps à ne rien faire», répliquent la plupart des personnes approchées à ce sujet. Effectivement, ça leur fournit une occupation. Certains ne peuvent se permettre d'aller, à leur guise, à la plage (par manque de moyens), d'autres préfèrent se faire de l'argent, pour pouvoir en profiter durant l'année, alors que d'autres y sont contraints (ceux issus de milieux sociaux défavorisés). Plagistes, maîtres-nageurs, ou employés dans des piscines, voilà d'autres activités saisonnières, avec des gains tout aussi dérisoires. La mauvaise nouvelle pour cette année, est que ces nobles personnes à la recherche de gains, verront la saison estivale se raccourcir avec l'arrivée du mois de Ramadhan le 1er août. Ils ne pourront même pas profiter, comme l'été dernier, de la première quinzaine d'août où l'on gagne le plus d'argent grâce à ces petit jobs.