La wilaya de Boumerdès meurtrie par le terrorisme depuis le début des années 1990, renoue avec l'insécurité. Hier, la ville de Bordj Menaïel, à 70 km à l'est d'Alger a été secouée par deux attentats kamikazes. Deux morts dont un policier et un veilleur de nuit ont été dénombrés. Le bilan fait également état de 20 blessés dont 10 policiers et un gendarme grièvement atteint. La victime a été évacuée vers l'hôpital militaire de Aïn Naâdja à Alger. D'autres policiers sérieusement atteints ont été également transportés vers Alger tandis que la plupart des blessés légers ont été admis à l'hôpital de la ville. Le mode opératoire est le même que celui d'il y a des années. Les fortes déflagrations simultanées entendues à des dizaines de km à la ronde, ont été perpétrées tôt dans la matinée d'hier, aux alentours de 6h, selon les témoignages des riverains. Les auteurs de l'attentat ont pris pour cible le siège de la sûreté urbaine, mitoyenne au siège de l'APC. Les terroristes ont eu recours, comme à l'accoutumée, aux véhicules piégés et la simultanéité de bombes humaines pour faire le maximum de victimes. Le bilan aurait été dramatique si les explosions avaient atteint leur cible. Selon quelques témoins oculaires, «le premier véhicule léger bourré d'explosifs n'a pas atteint sa cible, puisque l'explosion a eu lieu à quelques mètres de là, soit dans le jardin sis à proximité du siège de la Sûreté urbaine. Un quart d'heure plus tard, un autre kamikaze fonce sur la même cible avant de heurter un policier». Si la trajectoire du kamikaze a été déviée, en revanche, le policier a été tué sur le coup. Le souffle des deux attentats simultanés a causé d'importants dégâts aux habitations environnantes dont le siège de l'APC et celui de l'agence du Crédit Populaire d'Algérie (CPA). Quelques habitations du boulevard Amirouche, rue principale de la ville dont la plupart des bâttisses datant de l'ère coloniale portent encore les séquelles du séisme de 2003, ont été également secouées par l'explosion, commentent plusieurs habitants. Ce double attentat s'est produit à moins de 15 jours avant le Ramadhan. Les observateurs de la situation sécuritaire redoutent d'autres attentats durant le Ramadhan, considéré comme un mois de djihad par excellence. Le regain de violence terroriste depuis quelque temps signifie également la réactivation et réorganisation des phalanges locales, notamment celle d'Al Ansar activant à Naciria surplombée par le vaste massif de Sidi Ali Bounab, Baghlia, Sidi Daoud en passant par les Issers et Légata. Malgré les coups de boutoir qui lui ont été assenés par les forces de sécurité, cette katibet et d'autres réussissent souvent à se regénérer. Cette phalange dont plus d'une quinzaine de ses activistes ont été éliminés et une dizaine d'autres dont son émir se sont rendus aux services de sécurité, continue à recruter parmi les jeunes de la région en réactivant les réseaux de cellules dormantes. Le dernier attentat commis à Boumerdès remonte à la fin de l'année 2010. Une attaque suicide a pris pour cible un convoi militaire à Zemmouri. L'attentat avait fait 2 morts et 9 blessés. Le 10 juin 2010, la gendarmerie d'Ammal, dans la wilaya de Boumerdès a, été la cible d'un kamikaze, faisant 4 morts et 20 blessés. Le 25 juillet de la même année, c'est la gendarmerie de Beni Aïssi, toujours dans la Kabylie, qui a été ciblée par un autre kamikaze, faisant un mort et huit blessés. L'attentat kamikaze le plus meurtrier a été perpétré le 19 août 2008, contre l'Ecole supérieure de la Gendarmerie nationale des Issers et avait causé, pour rappel, 47 morts parmi les jeunes qui s'étaient portés candidats au concours d'accès à cette l'école.