Les habitants de la ville de Bordj Menaïel ont été tirés brusquement de leur sommeil, hier, par les terroristes de l'ex-GSPC. Deux attentats kamikazes, perpétrés vers 6h30, ont transformé le centre-ville de la localité en un véritable champ de ruines. Le bilan fait état de deux morts – un élément de la BMPG et un éboueur de la commune – et 13 blessés dont 5 civils, 7 policiers et un gendarme. Celui-ci et 2 policiers ont été évacués, peu de temps après, vers Alger pour recevoir les soins nécessaires alors que les autres ont été pris en charge au niveau de l'hôpital de la ville. Les attentats ont eu lieu à 25 minutes d'intervalle. Le premier à 6h15, lorsqu'un kamikaze à bord d'un véhicule de marque Toyota Hilux s'est fait exploser à une centaine de mètres du siège de la sûreté urbaine. La déflagration a été entendue à plusieurs kilomètres à la ronde et a causé d'importants dégâts aux habitations et aux commerces avoisinants. Le kamikaze aurait été stoppé par les barricades de blocs de béton érigées aux alentours de ce commissariat. Quelques secondes après, des centaines de citoyens et de nombreux policiers ont afflué vers le lieu de l'attentat pour en savoir un peu plus sur ce qui venait de se passer. Et c'était la pagaille ! Au moment où l'on s'affairait à ramasser les débris et évaluer les dégâts immédiats, une rumeur faisait état de la présence d'un autre kamikaze dans les environs. Un mouvement de panique générale s'est emparé de la foule. S'ensuit une bousculade qui a permis aux badauds de s'éloigner du lieu du drame. L'information répercutée même par les policiers vient d'être confirmée : un autre kamikaze, sur une motocyclette, surgit et tente de foncer sur le commissariat. Mais il est stoppé par le policier C. Abdelyamine, qui a rendu l'âme sur le coup. La victime, âgée de 30 ans, est originaire de Bordj Bou Arréridj. Ses camardes et les citoyens de la région lui rendent un grand hommage et saluent son courage «puisqu'il a préféré sacrifier sa vie pour sauver celle de dizaines de gens présents sur les lieux». La deuxième victime, C. Abdelghani (40 ans), père de famille, travaillait comme éboueur à la commune. Ces deux actes terroristes semblent avoir été sciemment préparés par les membres de l'organisation de Droukdel. La charge explosive et le mode d'exécution démontrent que les forces de nuisance des groupes armés sont loin d'être affaiblies, comme l'ont souligné ces derniers mois le chef d'état-major de l'ANP et le ministre de l'Intérieur et des Collectivité locales. Les auteurs de ces actes ignobles et condamnables ont tenté de frapper fort pour faire un nombre important de victimes. Les deux kamikazes étaient bourrés d'une importante quantité d'explosifs. Où l'ont-ils obtenue ? A qui appartient le véhicule conduit par le premier d'entre eux ? Les deux déflagrations ont causé d'importants dégâts aux habitations et aux les édifices publics de la périphérie. Le siège de l'APC, le bureau de poste, l'agence du Crédit populaire d'Algérie ont été sérieusement touchés. Le kiosque du fleuriste, au rond-point, a été totalement soufflé. Les commerces du boulevard Amirouche et de la rue Ziani Lounès ont été soufflés par la déflagration. La placette et les alentours du jardin Emir Abdelkader, un endroit très prisé par les Menaïelis, offrent un décor apocalyptique. Le deuxième kamikaze aurait été identifié comme étant B. Youcef, âgé de 23 ans, originaire de la localité de Ouled Ziane, dans la commune de Legata, à 25 km à l'est de Boumerdès. Il aurait rejoint le maquis il y a moins d'un mois. Sa tête a été retrouvée sur le toit d'une maison jouxtant le siège du CPA. Certains habitants affirment l'avoir vu avant qu'il ne se fasse exploser. Les attentats d'hier surviennent après ceux ayant ciblé les forces de l'ANP, dans les localités de Legata, Naciria et Baghlia. Le dernier attentat kamikaze perpétré dans la région remonte à septembre 2010.