La quasi totalité des mineurs palestiniens arrêtés pour jets de pierres se voient condamner par la justice militaire israélienne, signale un rapport publié hier par l'organisation israélienne de défense des droits de l'homme B'Tselem. Sur les 835 mineurs palestiniens de Cisjordanie occupée ou de Jérusalem-Est occupée arrêtés entre 2005 et 2010 et accusés d'avoir jeté des pierres, un seul a été acquitté, explique B'Tselem, soulignant que la justice les encourage à plaider coupable afin d'éviter de longues périodes de détention préventive. «En conséquence, la plupart des mineurs préfèrent s'accommoder d'un arrangement aux termes duquel ils reconnaissent les charges retenues contre eux (...) de crainte d'être maintenus durablement en détention préventive avant la fin de leur procès», selon le rapport. B'Tselem a recueilli le témoignage de 50 de ces mineurs arrêtés en pleine nuit par l'armée sans que leurs parents puissent les accompagner. Seuls trois ont été interrogés le soir même. La plupart ont dû attendre le lendemain, et deux ne l'ont été qu'au bout de cinq jours. Dix-neuf des mineurs ayant témoigné ont affirmé avoir subi «des violences» et avoir été «menacés» durant leur interrogatoire, et 23 ont déclaré avoir été empêchés de se rendre aux toilettes et privés de nourriture et de boisson plusieurs heures d'affilée. De 2005 à 2010, 93% d'entre eux ont été condamnés à des peines de prison variant de quelques jours à 20 mois. Et 19 étaient âgés de moins de 14 ans, alors que la loi civile en Israël interdit d'incarcérer des mineurs de cet âge. Une fois écroués, ces jeunes Palestiniens sont considérés comme détenus pour des raisons de sécurité. A ce titre, ils n'ont pas accès au téléphone, et rares sont ceux qui peuvent recevoir une visite de leur famille, précise le rapport. B'Tselem appelle Israël «à réviser sans délai sa législation militaire afin de l'aligner sur la loi civile qui protège les mineurs en Israël». «Israël a l'obligation d'assurer la défense des droits des mineurs palestiniens relevant de sa responsabilité», conclut l'ONG. Le porte-parole de l'armée a réfuté ces critiques dans un communiqué en affirmant que les jets de pierres constituent «un délit qui peut provoquer des blessures graves».