Tantôt évanescents, tantôt forts, les rythmes d'Angel Parra ont réussi à envoûter un public algérois plus que jamais charmé. Angel Parra chante l'amour et la politique. Epicée, sa musique est chargée de l'histoire du Chili, du Venezuela, de l'Argentine, de la Bolivie et du Pérou : de toute cette Amérique latine, jadis sans frontière, celle des paysans de la pampa. Guitare, flûte, flûte indienne, harpe, cymbales et charangas font l'essentiel des instruments du quatuor et de son orchestre. Tantôt évanescents, tantôt forts, les rythmes d'Angel Parra ont réussi à envoûter un public algérois plus que jamais charmé; ce dernier a tout simplement été entraîné par une guitare en délire qui a réussi à créer la communion. Ainsi, dix-huit ans d'exil n'ont rien altéré à l'art d'Angel Parra, dont la voix plaintive raconte l'errance d'un million deux cent mille Chiliens ayant quitté leur pays en 1973. Mais elle reproduit également la joie du retour à la terre natale en 1990, celle des «retrouvailles avec un pays qui a beaucoup changé et des amis qui ne sont plus là», car Angel Parra est convaincu qu'après tant d'années d'absence, «il faut laisser une chanson du retour et qui évoque le fait d'aller à la place, de prendre un café ou un verre et de vivre la démocratie, de la suivre pas à pas». Une bonne partie des textes chantés par l'artiste chilien sont de Victor Jarra, poète assassiné après le coup d'Etat au Chili et qui a mêlé sa vie à des thèmes «quotidiens». Angel les chante avec optimisme «parce que la vie continue». Néanmoins, il avoue devoir une bonne partie de son art à sa mère, violeta. Très jeune il dit s'être abreuvé, au même tire que ses frères et soeurs à la source de la tradition. Il dit également avoir été énormément influencé par l'ascendant de son père, syndicaliste. Désormais, autodidacte, Angel Parra chante cet héritage de chansons qui exprime toute la dignité de la culture populaire chilienne. De passage à Alger, Angel Parra dit être impressionné par le Sahara algérien qui lui rappelle l'immense désert chilien, une réminiscence qu'il interprète au son de la flûte, dans un très beau décor et magnifique jeu de lumière qui a réussi à créer la magie à la salle El Mougar, le temps d'une prestation musicale d'une rare beauté. Engagé, Angel Parra dit avoir beaucoup d'espoir dans l'avenir «plus l'on se rapproche de la fin, plus je garde espoir», affirme-t-il. Chantant la chanson politique par amour, il chante aussi pour les enfants du monde qui vont construire tous les pays de tous les Salvador Allende. Comme de coutume, au Chili, le spectacle s'est achevé par une danse...des ambassadeurs : l'ambassadeur du Chili à Alger, accompagné de sa femme n'a pas dérogé à la tradition. En épilogue à la soirée, ils ont eux aussi dansé à tous les compagneros presidente allende. Ce fut tout simplement émouvant. Splendide.