Une des grandes voix du chant du monde se produira ce soir et demain à partir de 19h00. «Tout homme est une île, mais il arrive que cette île soit un volcan. Ainsi d'Angel Parra, lové autour de sa guitare, poil noir, oeil noir, frêle et compact, et dont la voix souveraine paraît jaillir soudain des profondeurs telluriques, des profondeurs terribles où se brise le coeur (...). Cette voix crie le lancinement affreux de l'exil à nous qui vivons en exil, d'une enfance, d'une passion, d'un bonheur, et pour qui la seule certitude est l'exil dans la mort. Cette voix rauque hurle notre haine aux rapaces. Cette voix tendre chante le colibri aux sept lumières, l'oiseau-mouche aux sept fleurs. Cette voix chilienne qui est nulle part et partout...La voix de notre Angel Parra», ainsi écrit à propos de ce chantre de la chanson chilienne, Gilles Perrault. Surnommé «Le coeur en stéréo», Angel Parra se produira ce soir et demain à partir de 19h à la salle El-Mougar sur initiative de l'Office national de la culture et de l'information. Les recettes de ces deux soirées seront versées au profit des sinistrés du séisme du 21 mai. Il va sans dire que chez les Parra, la musique est une histoire de famille. Tout le monde chante de la maman Violeta Parra à l'oncle Roberto, aux enfants, Isabel et Angel jusqu'au petits-enfants. Né au Chili à Valparaiso, très jeune, il découvre la musique et se met à parcourir le pays en apprenant et collectant les chansons populaires de son pays en compagnie de sa mère, Violeta Parra. «Moi, à cinq ou six ans, je chantais sans accompagnement les boléros de Léo Marini, alors très en vogue, un spectacle familial d'une heure et demie avec beaucoup de succès». En 1960, avec sa famille, il vient en Europe, travaille la guitare, compose et donne des concerts dans plusieurs pays. A Paris, avec sa soeur, il forme le duo «Isabel et Angel» (elle a alors 24 ans et lui 18). En 1964, il participe à la campagne électorale de Salvador Allende. Isabel et Angel fondent «La pena de Los Parra» lieu de créativité pour «la nouvelle chanson chilienne» et lieu de rencontre pour de nombreux chanteurs et poètes: Violeta Parra, Pablo Nerruda, Victor Parra, Silvio Rodriguez, Pablo Milanes... En 1973, Angel est arrêté et incarcéré comme Victor Jara, il dérangeait la dictature de l'époque par ses textes et ses chansons révolutionnaires très liés à Che Guevara où tout simplement par un esprit de liberté trop prononcé. Angel a plus de chance que Victor Jara, qui mourut des tortures que lui infligèrent les militaires qui les avaient jetés en prison; Angel Parra aura enregistré près de 70 albums et composé la musique de plusieurs films dont «La Tierra premedita» et Actas Generales de Chile, de Miguel Littin. Des chansons qui allièrent souvent le mot culture à l'engagement politique. En mars 1988, Jack Lang ministre de la Culture du gouvernement français, le fait officier de l'Ordre des arts et des lettres. Un an plus tard, il retrouve le Chili après 16 années d'exil. Après un album de chansons érotiques enregistré avec la romancière Régine Deforges et qui eut beaucoup de surprise auprès du public, Angel Parra renoue avec la tradition de la chanson chilienne, cubaine et mexicaine. Un album intitulé simplement Boléros signé Violeta Parra! Une façon de sceller à jamais ses rapports avec sa terre natale et marquer son retour et sa fidélité à ses origines qui lui collent à la peau et lui ont inspiré un répertoire musical tout à fait à part. A ne pas rater donc.