La notion de service public, sacro-sainte chez cette entreprise, fait qu'elle est souvent le seul employeur dans certains coins reculés et hostiles du pays. Akil Remini, P-DG de Naftal, qui est la plus grande et la plus rentable filiale de Sonatrach, place la «notion de service public» au-dessus de toute autre considération. Même si le chiffre d'affaires de cette gigantesque entreprise, présente même dans les coins les plus reculés du pays, «dépend à 80 % des ventes de ses produits», elle n'en demeure pas moins scrupuleusement fidèle à ce principe. Le P-DG, qui a réussi le tour de force de redresser cette entreprise, au bord de la banqueroute au moment où il en prenait la tête il y a de cela moins de deux années, continue à desservir les coins les plus reculés du pays, perdant jusqu'à trois fois le prix d'un produit destiné, à titre d'exemple, à une région aussi reculée que Bordj Badji-Mokhtar. Même si la loi autorise, donc, la concurrence dans les domaines du transport et de la commercialisation des produits pétroliers et de leurs dérivés, Naftal garde son monopole de facto, du moment que les grandes firmes internationales refusent encore de se jeter dans le bain tant que les prix demeureront plafonnés par les pouvoirs publics. En revanche, Naftal a cédé pas mal de parts de marché aux opérateurs privés algériens puisque l'écrasante majorité des stations services est gérée par des privés. Mieux, Naftal donne même certaines de ses propriétés en concession à des opérateurs privés. Le P-DG de Naftal rappelle au passage, puisque beaucoup de citoyens ne le savent sans doute pas, que «n'importe quelle personnalité, morale ou physique, peut exploiter ou investir dans la mise en place d'une station-service». Même si l'investissement est assez lourd ( de l'ordre de 1 ou deux milliards de centimes) les dividendes qui en découlent sont énormes, avec les cafés, les restaurants, les stations de lavage et de graissage, les ventes d'accessoires et de pièces détachées, la vulcanisation, etc. A la question de savoir si Naftal abandonnera les endroits peu gâtés par la nature dans le cas où la concurrence deviendrait plus acharnée devant des géants comme Exxon, Repsol ou Esso, la réponse de M.Remini tombe nette et sans appel: «Il est tout simplement hors de question que nous nous délestions de notre mission de service public.» Dans le but de compenser ses manques à gagner, souvent énormes, Naftal étale ses horizons hors du pays, aussi bien vers le Sud que vers le Nord à travers la signature de nombreux contrats de partenariat avec des entreprises pétrolières de renommée mondiale.