Le Trésor perd dans cette affaire au moins 400 milliards de centimes annuellement. Ce sont pas moins de 3 000 m3/jour de carburants qui continuent de parvenir illégalement au Maroc et en Tunisie, soit 3 millions de litres/jour d'essence “pompées” à partir des stations des wilayas de Tlemcen, de Tébessa et d'Annaba, et qui traversent nos frontières. C'est ce qu'a indiqué M. Remini , P-DG de Naftal, au cours de la conférence de presse tenue, jeudi, à l'issue de la cérémonie d'inauguration d'un centre emplisseur de GPL ultramoderne à Arzew. Ce phénomène, a-t-il ajouté, persistera tant que les prix des carburants continueront à représenter la moitié de ceux des pays voisins, a-t-il ajouté. “Il y a toujours des fuites de carburants. Toutes les restrictions possibles ne pourront arrêter ce trafic. Cependant, nous faisons tout pour contenir ces fuites de carburants (avec les institutions concernées, à travers la surveillance de l'activité des stations-service et des mouvements des trafiquants”, a-t-il ajouté. Par simple extrapolation à partir du différentiel des prix à la pompe et des taxes que prélève l'état, 30 à 40% du prix au détail, on déduit que le Trésor perd au moins 400 milliards de centimes annuellement. Au prix de leur vie, et grâce sans doute à des complicités, les contrebandiers tirent ainsi des gains énormes, de la différence entre les prix pratiqués en Algérie et ceux des pays voisins. L'Algérie subventionne également les populations des frontières au Mali et au Niger. En effet, on retrouve les bouteilles de butane de Naftal dans ces pays, introduites illégalement en grosses quantités, du fait de la perméabilité de nos frontières. Pas de hausse des marges de Naftal d'ici à deux ans En réponse aux questions de la presse, le P-DG de Naftal a indiqué que son entreprise ne demandera pas d'ici deux ans une augmentation de ses marges. Il a soutenu que Naftal travaille à perte depuis 1998. Les dernières marges accordées qui ont entraîné la hausse des carburants à la pompe l'ont été sept ans après. “Les nouvelles marges permettent tout juste d'équilibrer les comptes de l'entreprise”, a ajouté M. Remini. Il a toutefois observé que les prix des carburants en Algérie sont les plus bas au monde. L'essence est bien plus chère en particulier au Mali, au Niger, au Tchad, en Côte d'Ivoire et au Sénégal. Commentaire : cela ne veut nullement dire qu'il n'y aura pas d'augmentation des prix des carburants à moyen terme. Car c'est l'exécutif qui décide de l'augmentation ou non des prix des carburants. En fait, l'Algérie s'achemine avec son adhésion à l'OMC à libérer progressivement les prix de l'essence et du GPL sur le marché intérieur. Le gouvernement a d'ailleurs clairement affiché son intention de supprimer, graduellement, les subventions et d'en finir avec les prix administrés progressivement. Sur les émeutes, suite à la hausse du butane, M. Remini a dégagé la responsabilité de son entreprise. Ce n'est pas Naftal qui fixe les prix, a-t-il rappelé. Selon lui, l'Algérie est le pays qui consomme le plus de Gpl au monde. Pas de pénurie d'essence et de Gpl d'ici à 2010 Le premier responsable de Naftal a assuré qu'il n'y aura pas de pénurie de carburants et de Gpl (butane et propane) d'ici 2010 avec les investissements projetés, les projets déjà réalisés et ceux en cours de réalisation. La bouteille de butane sera disponible en 2005. Avec ses 42 centres emplisseurs, son entreprise a de quoi couvrir les besoins de toutes les wilayas du pays. Naftal projette d'investir d'ici 2009, 405 milliards de dinars, soit plus de 5 milliards de dollars principalement dans la rénovation et la modernisation d'installations actuelles, ainsi que dans la réalisation de pipelines. L'année 2005, elle prévoit d'investir 12 milliards de dinars. La période 2005-2006, Naftal mettra le paquet sur les stations-service. “L'année 2005 sera celle des stations-service”, a annoncé M. Remini (allusion à la rénovation et à l'amélioration de la qualité service du réseau Naftal). Le plan de développement de l'entreprise prévoit la réalisation à moyen terme de nombreuses stations-service, a-t-il laissé entendre. Partenariat : discussions avancées avec Bp, Shell et Colas En matière de partenariat, Naftal est en discussions avancées avec les géants pétroliers Bp, Shell et la compagnie espagnole Cepsa. Il s'agit probablement de projets de commercialisation de lubrifiants. Avec l'entreprise française Colas, le partenariat concerne la production en Algérie de bitumes. Naftal escompte conclure, au moins, deux accords l'année en cours. Avec l'entreprise tunisienne SNDP, il s'agit d'un projet de lubrifiant et la réalisation d'un centre emplisseur à la frontière. À noter que cette filiale de Sonatrach a enregistré un chiffre d'affaires de 3 milliards de dollars en 2004. Dans deux mois, elle commencera à généraliser la carte à puces, c'est-à-dire le paiement par ce moyen moderne de l'essence sur le réseau Naftal. N. R.