Le deuxième congrès de cette influente organisation, ouvert hier, n'a pas cru bon d'aborder la question de la prochaine échéance électorale. «La question de l'élection n'est pas à l'ordre du jour des travaux du congrès. La position de l'organisation sur ce sujet sera tranchée lors d'une session spéciale du Conseil national de l'Onem.» C'est par cette brève et laconique formule, que M. Embarak Khalfa, fraîchement reconduit, voire plébiscité à l'unanimité à la tête de l'association politicienne comme secrétaire général, a répondu aux questions des journalistes relatives au positionnement du mouvement par rapport à l'échéance du printemps prochain. Autrement dit, il ne faut rien attendre sur ce sujet de ce deuxième congrès de l'Onem qui a ouvert ses travaux hier à l'hôtel El-Aurassi à Alger. Certains observateurs conscients des comportements politiques passés de cette organisation dite de masse et en même temps puissant relais des différents et successifs gouvernants qui ont présidé aux destinées du pays depuis une décennie, ont vite conclu que l'Onem attend la direction des vents pour se positionner. Les signaux et les indices quant à savoir sur quel cheval misera l'organisation d'Embarak Khalfa lors des prochaines joutes électorales n'ont pas manqué tant au niveau des coulisses que durant la cérémonie officielle d'ouverture des assises de ce congrès. Ainsi, à chaque référence au nom ou à la fonction de l'actuel Président de la République, les applaudissements et les youyous devenaient assourdissants, ce qui donne une idée dans quelle direction cette organisation se positionne. En outre conscient de l'importance de ratisser large pour pouvoir l'emporter et de mettre de son côté tous les atouts possibles, le chef de l'Etat n'a pas omis d'envoyer aux congressistes de cette organisation une lettre d'encouragement et de salutations fraternelle. Lu par le ministre des Moudjahidine, Mohamed Chérif Abbas, ce document a mis l'accent surtout sur la contribution passée et présente de l'Onem au processus de stabilisation politique du pays. Autres indices qui confirment cette thèse, la présence à cette cérémonie d'ouverture de personnalités dont on dit qu'elles sont proches du cercle présidentiel, à l'image de ce même Chérif Abbas, de son chef au RND et au gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, d'Aboubakr Benbouzid et de Saïd Barkat. Comme quoi la politique du wait and see apparemment suivie par l'organisation des descendants des Moudjahidine peut en cacher une autre: celle des clins d'oeil entre un pouvoir et son relais. Au-delà de ce thème de la présidentielle qui ne sera pas abordé et tranché officiellement par ce congrès, l'organisation devra se consacrer d'abord, selon son secrétaire général, à «l'élaboration et à la restructuration des organes du regroupement». Cela d'autant qu'à la faveur de sa lecture du rapport moral devant les congressistes, M.Embarek Khalfa, s'est targué d'avoir actuellement dans son organisation pas moins d'un million d'adhérents, alors qu'il n'étaient d'après lui que 23000 membres en 1993. C'est dire que l'organisation entend devenir un passage obligé pour ne pas dire une association qui compte dans chaque grand rendez-vous électoral ou événement politique. Mais pourra-t-elle un jour arbitrer le score des candidats dans les urnes lors des consultations populaires? Beaucoup en doutent.