Le congrès a éludé la question : pour qui roulera le RND lors de la prochaine présidentielle ? Manifestement, au terme de son deuxième congrès, le secrétaire général incontesté du RND semble avoir mis au point sa machine de campagne. Au deuxième jour de ses assises, le parti, qui revient de loin, affiche fièrement des signes de rétablissement après un écroulement à la suite des dernières législatives face à son rival le FLN. C'est du moins ce qui transparaît dans les propos du second homme du parti, M.Malki, qui a animé une conférence de presse en marge du congrès. Ce dernier s'est contenté de se féliciter de la réussite du congrès, en annonçant explicitement, l'implication incontournable du RND dans les dossiers économiques et sociaux du pays. Les résolutions qui seront adoptées, aujourd'hui, touchent toutes les questions nationales sans exception. Le huilage de sa machine de campagne était bien apparent à voir la composante de la tribune qui comprend les membres du bureau du congrès, des représentants de l'Organisation des moudjahidine, des victimes du terrorisme, des représentants de la communauté algérienne à l'étranger, de l'Organisation des enfants de moudjahidine et des chouhada et surtout les membres influents de l'Ugta qui exercent de hautes fonctions au sein du parti. Enfin des ingrédients parfaits pour mener campagne en temps opportun. Ce sont, en effet, des organisations connues pour leur rôle dans les périodes électorales. A voir les 1300 délégués il paraît l'image, même prématurée, que tout est fin prêt pour amorcer un retour sur la scène politique avec un atout prestigieux. Celui du contrôle de l'Exécutif même avec l'inconvénient du droit de regard du FLN avec sa majorité et qui sera éliminé progressivement par les prises de décisions sociales capables d'atténuer la contestation sociale. Au moins jusqu'en 2004. Le travail semble être bien préparé. Il s'agit, selon des sources dans le congrès qui a été totalement ouvert à la presse - ce qui indique l'inexistence d'opposition - de l'élimination des dernières poches de résistance au sein du parti après la tentative de putsch avorté, contre Ouyahia. Le reste n'est qu'une question technique. Le congrès a été bien ficelé d'une manière presque magistrale. Les résolutions ont été enrichies bien avant la tenue du congrès national. Le plus gros du travail a, en effet, été achevé à travers les congrès régionaux notamment le congrès de l'Algérois. Une manière de tâter le terrain dans les rangs de la base avant la grand-messe censée être consacrée à l'intronisation d'Ouyahia, la création d'une sorte de parlement au sein du parti. C'est-à-dire le conseil national qui, à son tour, est régi comme les autres instances par une sorte de «Constitution» qui fixe les lignes rouges à ne pas dépasser. Le seul but de ce travail colossal qui ne peut être que l'oeuvre d'un politicard comme Ouyahia est de gagner du temps. Les choses se bousculent tellement vite, notamment avec sa succession à Benflis à la tête du gouvernement, qu'il fallait passer aux recettes techniques sans nuire à la base et sans pour autant l'écarter. Reste un seul effet de suspense: qui soutiendra le RND pour la présidentielle 2004? Certains délégués influents rencontrés en marge des travaux des assises, tout en se soumettant scrupuleusement au mot d'ordre du maître des lieux M.Ouyahia, à savoir pas un mot sur la présidentielle, ont indiqué que le fait que le Secrétaire général ait accepté le poste de Chef du gouvernement et accepté de mettre en exécution le programme du parti est un signe très fort. Toutefois, nos interlocuteurs ont indiqué que les imprévus dans ce contexte qui domine la situation politique sont aussi bien trop nombreux que fatals. Sans compter, par ailleurs, que le parti veut mieux négocier le tournant pour sortir de sa position de challenger éternel.