Le secrétaire général du FLN accuse les frondeurs de son parti de n'être soucieux que de leurs intérêts personnels. L'exigence d'un congrès extraordinaire du FLN semble faire le consensus au sein de ce parti qui a du mal à se défaire de ses vieux démons. Les travaux de la session de l'instance exécutive du FLN se sont ouverts hier à l'hôtel Mouflon d'or à Alger, sur fond de contestation interne. Le ton a été donné à l'annonce de l'ordre du jour devant inclure la présentation et l'évaluation des bilans moral, politique et financier du secrétariat général ainsi que l'installation des commissions finances et politique. Abdelkader Bounekraf, Abderrezak Bouhara et Abdelkader Hadjar se sont relayés pour exiger d'autres points au débat. « Il faut tenir la session du conseil national dans les plus brefs délais », dira Bounekraf, pour avoir comme réponse de Belkhadem : « Le temps de convoquer le CN n'est pas encore venu, nous aurons le temps de discuter de tout ça. » Et à Bouhara de répliquer : « Il est vrai que la session du CN est ordinaire mais le parti et le pays passent par des moments difficiles, d'où l'urgence de la tenue d'une telle session et l'inscrire à l'ordre du jour. » Hadjar, quant à lui, exigera la lecture des résultats de l'enquête de la commission sur la fuite des documents internes au parti que des journaux auraient exploités. Le secrétaire général du parti fera remarquer à l'assistance que la presse est toujours dans la salle, ainsi que les invités et de laisser les questions sensibles au débat à huis clos. Mais avant d'entamer cette phase du débat, Abdelaziz Belkhadem tiendra à annoncer la couleur dans son discours d'ouverture en menaçant d'effectuer une purge au sein du parti. « Nous avons constaté une défaillance de la part de certaines instances et cadres du parti, et même dans certains cas des actions à l'encontre du parti. Ceci nous pousse à entreprendre un travail d'évaluation du travail de toutes les structures et de tous les cadres », lance Belkhadem à la face de ses détracteurs. Et d'ajouter : « Nous devons appliquer les règles de discipline pour tout l'encadrement du parti, ce qui nous permettra de nettoyer et passer au tamis la force militante du parti, en ne laissant que ceux qui ne se laissent pas bercer par les sentiments et les événements fomentés de certains amateurs de danse sur un fil et autres nomades politiques qui n'ont plus leur place au FLN », lâche encore le SG d'un ton ferme et décidé. Il continuera son réquisitoire en imputant les contestations dont il a fait l'objet depuis son investiture à la tête du parti, il y a trois ans, aux « contradictions héritées d'un ancien temps » et aux « faux concepts » qui, malgré beaucoup d'insistance, n'ont pu arriver à ébranler le parti. « A chaque fois, ces idées erronées se sont manifestées pour bloquer notre objectif de mettre de l'ordre dans la maison FLN. A chaque échéance politique, certaines mouhafadhas connaissent des perturbations, et à chaque fois tous les recours obéissent à l'assouvissement de visées personnelles. » Belkhadem ne s'arrêtera pas à ces mises en garde et tiendra à défendre son mandat. « Malgré les tensions et les tentatives de déstabilisation, le FLN a tout de même pu être consacré première force politique du pays », dira le SG en soulignant que le travail partisan exige des militants plus de discipline et de rigueur. « Un bon militant se doit de mettre l'intérêt du parti au-dessus de tout autre considération. Et je vous ai avertis contre le fléau de l'égocentrisme. Malheureusement, l'esprit régionaliste et tribal a primé sur l'intérêt du parti dans beaucoup de commissions. Nous préparions l'échéance électorale du 29 novembre lorsque certains pensaient à des postes au sein du Conseil de la nation. Cette situation a eu un effet sur l'émiettement de l'assiette électorale du FLN, mais nous avons pu redresser la situation. » Interrogé en marge des travaux de l'instance exécutive, Belkhadem continuera sur sa lancée en disant que « personne n'est indispensable au FLN » et de préciser qu'« après les échéances électorales, l'heure aujourd'hui est venue de mettre de l'ordre au FLN ». Evoquant la démission de Abdelkader Bounekraf du secrétariat général, le SG commentera : « On peut conduire un cheval à l'abreuvoir, mais on ne peut pas l'obliger à boire. » Se défendant d'être contre le dialogue, Belkhadem dira : « Le débat d'idées je ne le fuis pas, je le suscite, mais lorsqu'il s'agit d'intérêts de personnes je ne peux le soutenir », en notant que « si clivage il y a au FLN, c'est un clivage d'intérêts lié aux listes électorales ». Bounekraf rétorquera plus tard en disant aux militants du FLN de « savoir ce qui servira au mieux l'intérêt du parti et l'aidera à affronter les prochains défis ». A l'heure où nous mettons sous presse, les travaux de l'instance exécutive n'avaient encore pris fin. Un congrès extraordinaire pour la présidentielle L'exigence d'un congrès extraordinaire du FLN semble faire le consensus au sein de ce parti qui, vraisemblablement, a du mal à se défaire de ses vieux démons. L'échéance électorale de 2009 contribue largement à mettre sens dessus dessous le FLN qui tangue au gré du vent et des accointances. Ainsi, 2008 verra la tenue d'un congrès extraordinaire en vue de désigner le candidat du parti. « Ce congrès aura pour ordre du jour principal la prochaine élection présidentielle et nous y aborderons aussi certaines questions d'ordre organique », explique Belkhadem en soulignant qu'une telle disposition est prévue par les statuts du parti. Le SG du FLN, qui s'exprimait lors d'un point de presse en marge des travaux, pressera le chef de l'Etat de trancher la question de la révision constitutionnelle et de se présenter pour un troisième mandat : « La révision de la Constitution est devenue une nécessité absolue afin de revoir la nature du système politique et permettre de poursuivre l'application des programmes politique et économique engagés. » Belkhadem ira jusqu'à dire que le troisième mandat est une demande de la « rue algérienne » en justifiant des courriers que le FLN reçoit de la part de représentants de la société civile et d'organisations de masse. « Je ne partirai pas du gouvernement » « Pour ceux qui réclament mon départ du gouvernement, je leur dis que je ne partirai pas. Quant à un éventuel remaniement ministériel, ce n'est pas une option à exclure », indique Abdelaziz Belkhadem et néanmoins chef du gouvernement qui n'a pas été à court de flèches à l'adresse de ses camarades de l'alliance présidentielle. « Je défendrai le bilan du gouvernement avec beaucoup d'honneur et de fierté. Et de plus, j'ai moi aussi des choses à dire », répondra Belkhadem aux critiques émises par le RND et le MSP sur la prestation de l'équipe de l'Exécutif. Déjà dans son discours d'ouverture des travaux, Belkhadem n'a pas hésité à tirer sur son prédécesseur à la tête du gouvernement : « Rappelez-vous dans quelle situation socioéconomique le FLN a hérité du gouvernement. Beaucoup ont parié que l'automne passé allait être celui de la contestation et de la colère populaire, mais nous avons relevé le défi. » Le chef du gouvernement se défendra encore en indiquant que dans des délais records, son gouvernement a pu trancher des dossiers qui « traînaient dans les tiroirs et étaient voués à la mort ». Ceci en citant pour exemple le dossier de la Fonction publique. « Nous avons pu augmenter les salaires de 4 millions de travailleurs lorsque d'autres interdisaient même l'évocation du terme augmentation des salaires », insiste Belkhadem en promettant que « l'aisance financière que connaît le pays se reflétera bientôt sur la vie des citoyens ». Et d'ajouter : « Nous sommes très à l'aise pour aborder l'élection présidentielle. » Interrogé sur l'hésitation de ses camarades de l'alliance à soutenir un troisième mandat pour Bouteflika, le SG du FLN accusera : « Ils ne veulent pas être à la traîne du FLN. »