Le roi Mohammed VI a pris attache avec des chefs d'Etat de pays membres du Conseil de sécurité pour les amener à adhérer à sa position. Le président de la Commission des affaires étrangères et de la coopération à l'Assemblée populaire nationale (APN), M. Sadek Bouguettaya a déclaré que «le monde entier sait que c'est le Maroc qui bloque le plan de paix des Nations unies pour le Sahara occidental». Le député du Front de libération nationale (FLN) n'y est pas allé avec le dos de la cuiller à l'égard du royaume chérifien dans sa quête effrénée pour imposer le fait accompli de la marocanité du Sahara occidental. «Si le Maroc ne se conforme pas à la légalité internationale, l'ONU doit lui imposer de s'y plier.» Et si le Maroc persiste, «il va perdre», a averti M.Bouguettaya. L'invité de la rubrique «A coeur ouvert» de L'Expression a souligné: «Depuis trois jours, le Maroc n'accepte plus le droit des Sahraouis à disposer d'eux-mêmes.» Il a réactivé l'accord-cadre, d'essence française. Et le roi Mohammed VI a pris attache avec des chefs d'Etat de pays membres du Conseil de sécurité pour les amener à adhérer à sa position. Il fait allusion au tapage fait par les médias marocains autour des messages envoyés par le souverain chérifien à ses «amis» du Conseil de sécurité. Le président de la Commission des affaires étrangères de l'APN a longuement disserté sur la facilité déconcertante avec laquelle le Maroc se meut actuellement sur la scène internationale, fort sans doute de l'appui des membres du Conseil de sécurité comme le Cameroun, la France et la Bulgarie. Pour l'hôte de L'Expression, le président français Jacques Chirac se fait «l'avocat du souverain marocain auprès des Etats membres du Conseil de sécurité au mépris de la légalité et des engagements internationaux.» L'orateur n'omettra pas de signaler l'autre face cachée de la colonisation marocaine du Sahara occidental. «Le Maroc épuise les richesses du Sahara occidental», note M.Bouguettaya. Pourtant, précisera-t-il, «le droit international stipule que les territoires administrés ne doivent pas être exploités». Pour le député FLN, il ne fait aucun doute que le voisin marocain veut jouer son va-tout dans cette «guerre» diplomatique déclarée entre les USA et la France depuis l'affaire de l'Irak. D'où les reniements marocains de tous les accords passés (plan de règlement onusien et africain, accords de Houston de 1997), dans lesquels le royaume alaouite reconnaît le Sahara occidental et donne son accord de principe pour un processus de règlement devant aboutir, à terme, à un référendum d'autodétermination. L'élu FLN a révélé également que le deal franco-marocain serait de faire traîner l'adoption de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU - la présentation du rapport par les experts est prévue pour demain - jusqu'à la fin juillet. Pourquoi fin juillet? «Tout simplement parce que le mandat de la Minurso expire à cette date.» M.Bouguettaya n'épargnera pas l'Espagne non plus. Cette ancienne puissance colonisatrice «assume aussi une grande part de responsabilité en sa qualité de membre du Conseil de sécurité de l'ONU», dira-t-il avant de s'interroger : «Pourquoi l'Espagne se tait-elle?»