Les relations entre les deux pays sont tendues depuis des années en raison de la question sahraouie. Une crise qui persiste malgré la dernière décision du Maroc de supprimer le visa qu'il avait instauré unilatéralement en 1994. Le souverain marocain, Mohammed VI, a confirmé hier sa participation au Sommet de la Ligue arabe qui se tiendra les 22 et 23 mars prochain à Alger. Cette décision a été rendue publique par la très officielle agence de presse du royaume, la MAP, juste après l'audience accordée par le roi a Abdelkader Bensalah, émissaire du président de la République. Au cours de cette rencontre, le souverain marocain a fait connaître au président du Conseil de la nation sa décision de participer aux travaux du Sommet d'Alger. Cette annonce met fin aux doutes et appréhensions quant au boycott de cette rencontre par les Marocains. Elle annonce, par ailleurs, un début de dégel dans les relations entre les deux pays suite à une mésentente qui date depuis de longues années. En marge de la cérémonie de clôture de la session d'automne du Sénat en janvier dernier, le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, avait déclaré qu'une rencontre des deux chefs d'Etat se tiendrait au courant de l'année en cours sans donner plus de détails ni sur la date ni sur le lieu de ce sommet. Le chef de la diplomatie algérienne avait alors évoqué une démarche visant à “poser les jalons de la normalisation des rapports entre les deux pays”. Il avait mis en exergue “la volonté des deux côtés à dépasser les écueils et jeter les bases d'une normalisation”, étape nécessaire pour garantir un minimum de réussite dans la construction du Grand-Maghreb. Quelques jours plus tard et au cours d'une émission de la Radio nationale, Belkhadem a confirmé ses déclarations et a, une nouvelle fois, annoncé un imminent tête-à-tête Bouteflika-Mohammed VI. Les relations entre l'Algérie et le Maroc ont connu une relative amélioration ces dernières semaines si l'on se réfère aux déclarations officielles tenues par les responsables des deux pays. Amélioration qui ne s'est pas matérialisée cependant sur le terrain en raison des accusations répétées du royaume marocain contre son voisin au sujet du très sensible dossier du Sahara occidental. Même si l'Algérie maintient que cette question est “une affaire de décolonisation qui doit être traitée dans le cadre des résolutions des Nations unies”, le Maroc persiste à faire impliquer notre pays comme partie prenante dans ce conflit. Ce que l'Algérie réfute catégoriquement. Il reste que les deux pays voisins ont entamé depuis quelques mois une nouvelle démarche de règlement des problèmes bilatéraux en confiant cette mission à une commission mixte chargée de plancher sur ces questions. Le processus a toutefois connu quelques couacs, étant donné que l'ombre du dossier du Sahara plane toujours sur les relations entre les deux pays, auxquels il faut ajouter les “décisions unilatérales et surprenantes” du royaume comme la suppression du visa imposé, il faut le rappeler après les attentats de Marrakech en août 1994. Il n'en demeure pas moins que l'on s'achemine vers un accord global qui mettra fin a une “fausse animosité entre deux pays frères”. La réponse positive réservée hier par le roi Mohammed VI à l'invitation du président Bouteflika pour assister aux travaux du Sommet de la Ligue arabe, signifie-t-elle que la normalisation des relations entre les deux pays est en “bonne voie” ? Il faut dire que cette décision a pris a contre-pied certains observateurs qui ont misé sur le boycott par le roi marocain du Sommet d'Alger. Ces observateurs s'appuyaient dans leurs analyses sur les précédents et la tendance des responsables chérifiens à bouder les rencontres au sommet qui se tiennent dans la capitale algérienne. En février 2004, le souverain s'est gardé de faire le déplacement à Alger pour assister à la réunion des chefs d'Etat de l'Union du Maghreb arabe (UMA) et ce, malgré l'importance de ce “conclave” au cours duquel la question de la présidence devait passer de l'Algérie à un autre pays. Le tête-à-tête entre le roi marocain et le président algérien a été à plusieurs reprises annoncé sans qu'il ne se tienne. Depuis septembre 2003, période au cours de laquelle une rencontre a eu lieu à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, les deux chefs d'Etat ne se sont pas vus. Cette fois-ci, sera t-elle la bonne occasion pour mettre fin à une mésentente qui n'a que trop duré ? M. A. O.