Neuf artistes peintres de Batna rendent hommage au défunt plasticien, Chérif Merzouki. Belle exposition d'arts plastiques que celle qui se tient, depuis lundi dernier, à la galerie Mohamed Racim, en hommage posthume à Chérif Merzouki, un artiste peintre de renom de la région de Batna. Ce sont neuf artistes peintres de la section Unac (Union nationale des arts culturels) qui participent à cette manifestation artistique donnant à voir d'admirables oeuvres sur la vie quotidienne des Aurès avec ses us et coutumes. Notons que la femme est souvent le sujet de prédilection de nos artistes. Cependant, fort est de constater qu'une seule expose. Il s'agit de Zidani Karima qui, dans un style figuratif, a choisi de peindre la nature entre terre fleurie et mer ondoyante aux couleurs très vives. A rappeler que 48 oeuvres partagent les cimaises de cette galerie. On citera en vrac, Zekara Nouredine qui évoquera la situation précaire des familles frappées par le séisme du 21 mai dernier. Dans un style semi-figuratif, Zekara met en exergue la femme à travers ses tableaux la mariée, la joueuse de l'imzad, les mannequins et fille lisant. «Je vise, dit-il, à établir un contraste entre les couleurs chaudes et froides». Toujours dans le même style pictural, Medji Abdelmadjid rappellera à notre mémoire, encore intacte, le drame du tremblement de terre représenté par des couleurs «criardes». Des scènes de désolation et de chaos, qu'on devine en filigrane, les inondations de Bab El-Oued sont évoquées dans le genre abstrait. Notre artiste ne peint pas uniquement la mort mais aussi et fort heureusement la vie avec, sa grâce et sa sensualité dans les danseuses, et et significations. Un éclectisme qui se révèle dans la multiplicité de tons, de couleurs et de choix des sujets. Mennoubi Chérif, l'un des premiers fondateurs du mouvement des artistes de Batna a, quant à lui, proposé 6 oeuvres réalisées dans un style figuratif abordant les coutumes et les traditions des Aurès. Sa singularité se caractérise par la peinture sur le bendir, un instrument musical typiquement traditionnel. L'artiste révèle aussi son amour de l'art à travers deux sculptures sur le bronze en bas relief. Mennoubi a formé beaucoup de jeunes peintres qui ont fait leur baptême de feu pour s'inscrire par la suite à l'école des Beaux-Arts de Batna et d'Alger. Son style est devenu une source d'inspiration pour d'autres artistes. A propos du défunt Chérif Merzouki, Mennoubi confie «C'était un ami, on a fait notre parcours ensemble. De lui , on peut parler longuement sans s'arrêter...» Dans un genre un peu impressionniste ou une aura de lumière donne toute la profondeur aux toiles, Dambri Rachid a mis en scène La récolte d'El-Halfa et à l'aide de l'aquarelle des Instants de contemplation pour des filles innocentes. Un réalisme qui confère aux tableaux toute leur authenticité. Amraoui Abdesslam a choisi, pour sa part, l'art moderne comme moyen d'expression. «Dans mes compositions, je cherche à créer «l'équilibre» dans les lignes et les tons», indique-t-il. Sa peinture est à mi-chemin entre l'abstrait et le semi-figuratif. «Mes thèmes ont souvent un rapport avec la philosophie» se plaît-il à dire. Et les couleurs? «C'est une symphonie», répond-il sans hésitation et d'ajouter, ce sont des couleurs qui tendent à l'harmonie. Dentiste de profession, l'artiste peintre, Mouffok Torki, a, pour sa part, emprunté la voie surréaliste pour aborder des thèmes scientifiques comme la théorie de l'évolution chez darwin. Dans l'air morne, l'artiste dénonce la suprématie actuelle de «la robotisation de la musique». Un tableau fort intéressant qui mérite que l'on s'y attarde. Il montre une femme au visage transformé par des fils électriques jouant du luth. Le miniaturiste, calligraphe et sculpteur Zouzou Sayeh a également pris part à cet événement culturel avec deux sculpteurs de style contemporain. Chérif Merzouki, à qui, il lui est rendu hommage, est né en 1952 à Amentat (wilaya de Biskra). Il a fait ses études primaire et secondaire à Batna puis a suivi le cursus de l'école des Beaux-Arts d'Alger après un passage à Constantine. L'artiste qui a exposé à travers tout le territoire national a obtenu différents prix dont celui du festival international des arts plastiques de Souk-Ahras. Chérif Merzouki aimait peindre la «réalité» aurésienne. Il décède le 4 avril 1991 des suites d'une maladie. Cette exposition, qui lui est dédiée, s'étalera jusqu'au 21 juillet.