L'Union nationale des arts plastiques a, certes, été fondée par des peintres de renom dont la plupart ont aujourd'hui, disparu, mais leur activité n'a, à aucun moment, fait un quelconque bruit. La totalité des expositions que propose cette organisation se déroule à la galerie Mohamed Racim d'Alger, qui donne l'allure, par son aspect inesthétique, d'une véritable kasma des années 70. Nous avons assisté à des expo organisées par des boîtes privées simples amateurs de la chose plastique qui dépassent, en professionnalisme et esthétique, les manifestations pourtant très abondantes de l'Union nationale des arts plastiques. Le secteur avait son union à l'époque coloniale, le cinéma et les arts plastiques également. C'étaient des organismes qui militaient à travers les créations artistiques en faveur de l'Indépendance nationale. Créée par des artistes de renoms, à l'image du lendemain de l'Indépendance, Ali Ali Khodja, Choukri Mesli , Mohamed Temam, M'Hamed Issiakhem, Mohamed Khadda, cette Union est devenue quelque par, une coquille vide de part la réputation peu glorieuse des artistes qui la composent aujourd'hui, les membres fondateurs ayant pour la plupart disparu. Jeudi dernier, une exposition en hommage aux artistes- peintres, membres fondateurs de l'Union nationale des arts plastiques (actuellement UNAC, Union nationale des arts culturels), a été organisée à la galerie Mohamed-Racim. Encore une fois, ce rendez-vous plastique entre dans le cadre de la manifestation “Alger, capitale de la culture arabe 2007”. “ C'est une exposition qui veut rendre sa place aux 12 membres fondateurs de l'UNAP ”, a indiqué à l'APS Mohamed Djehiche, coordinateur adjoint de la section art pictural dans la manifestation “ Alger, capitale de la culture arabe 2007 ”. L'orateur a, par ailleurs, souligné que cette exposition regroupe beaucoup d'œuvres inédites dont certaines appartiennent à des collections privées et d'autres à l'Etablissement “Arts et culture ” de la wilaya d'Alger qui, par leur contribution, “ont permis, a-t-il dit, de donner toute son ampleur” à cette rencontre. Rappelons que les membres fondateurs de l'ex UNAP sont au nombre de 12 ! Il s'agit de Bachir Yellès (président fondateur), Ali Ali Khodja, Choukri Mesli , Mohamed Temam, M'Hamed Issiakhem, Mohamed Khadda, Mohamed Zmirli, Mohamed Bouzid, Mohamed Ghanem, Ahmed Kara, Kheira Flidjani et Mohamed Louail. “ C'est cette première gestation et ces premiers moments de la vie de cette belle aventure que nous avons voulu faire revivre à travers les témoignages oraux, écrits ou peints de ces pionniers. Une aventure merveilleuse (...), riche des différentes facettes qui ont constitué les débuts de l'art algérien d'après-guerre”, dira de son côté Abdelhamid Arroussi, président de l'UNAC à propos de cette exposition rétrospective des oeuvres des fondateurs de l'Union nationale des arts plastiques créée en 1963. Pour l'artiste-peintre Ali-Khodja, l'exposition est une occasion qui permet “ de revoir ce qui se faisait d'antan et la peinture actuelle ”. “ Il y a toujours une remise en cause du travail artistique. L'abstrait a toujours débuté à partir du figuratif puis a évolué vers plus de liberté envers le sujet ”, a expliqué le plasticien ajoutant “dans l'abstrait ce n'est plus le sujet qui est important mais la sensibilité du peintre ”. Pour sa part, Nadjet Khadda, universitaire et veuve du grand peintre Mohamed Khadda, a affirmé qu' “ on peut considérer que c'est un hommage mais en réalité c'est une revisitation du travail des pères fondateurs de la peinture moderne algérienne ”. Evoquant son époux, Mme Nadjet Khadda a souligné “la place qu'a tenue Khadda dans les premières années de l'UNAP ” tout en soulignant la “singularité” de son travail. Parlant de l'olivier, un thème récurrent du travail de Khadda, l'universitaire a indiqué que “c'est l'arbre en tant que tel qu'il a peint mais qu'il y avait toute une symbolique ”. “ Les contorsions de l'olivier donnent à imaginer d'autres formes, ouvrent sur une infinité de formes ”, a-t-elle dit. L'artiste peintre Zahia Kaci, ancienne élève de M'Hamed Issiakhem, a évoqué, quant à elle, son ancien professeur mettant en exergue son “immense talent”, ses “qualités pédagogiques” et sa “ rigueur ”. “ Issiakhem, pour qui j'avais beaucoup de respect et d'admiration, s'investissait beaucoup dans son travail. Il avait aussi un bon coeur et était d'une grande générosité”, a conclu Zahia Kaci qui a réalisé un tableau intitulé Hommage à Issiakhem. Ce rendez-vous plastique qui ne s'éloigne pas de l'esprit des rendez vous de l'UNAC s'étalera sur plusieurs jours. Rachida Couri