La capitale somalienne est «complètement libérée» des insurgés islamistes radicaux shebab qui ont abandonné leurs positions dans la nuit de vendredi à samedi, s'est félicité le président somalien, Sharif Cheikh Ahmed, lors d'une conférence de presse à Mogadiscio. «Mogadiscio a été complètement libérée de l'ennemi et le reste du pays sera également bientôt libéré», a déclaré le président. «L'ennemi a été défait, ils se sont retirés de Mogadiscio et nous les combattrons pour les éliminer dans le reste du pays», a renchéri le Premier ministre Abduweli Mohamed Ali, au cours de la même conférence de presse. Auparavant, plusieurs témoins avaient indiqué le départ de la capitale de nombreux combattants shebab, dans la nuit, après des combats avec les forces gouvernementales et leurs alliés de la force de l'Union africaine (Amisom). Le porte-parole de l'Amisom avait indiqué que des vérifications étaient en cours pour établir si les insurgés avaient opéré un retrait total ou partiel de la capitale somalienne. Les shebab ont juré la perte du gouvernement de transition (TFG) du président Sharif Cheikh Ahmed, soutenu par la communauté internationale. Depuis février, l'Amisom, forte de près de 9000 militaires ougandais et burundais, avait considérablement progressé et repoussé les islamistes sur les deux principales lignes de front de la capitale. Jusqu'à hier matin, le TFG et l'Amisom contrôlaient un peu plus de la moitié de la ville, avec notamment l'aéroport et le port, face aux insurgés islamistes qui en tenaient toute la partie nord-est. La Somalie fait, par ailleurs, face à une crise humanitaire sans précédent depuis 20 ans: la sécheresse qui affecte l'ensemble de la Corne de l'Afrique a provoqué une famine dans plusieurs régions du sud de la Somalie, sous contrôle shebab, et parmi les populations de déplacés à Mogadiscio intra-muros et dans le corridor d'Afgoye, à environ 20 km la capitale. Les combats et l'insécurité qui règnent à Mogadiscio handicapent fortement l'organisation et la distribution de l'aide. Vendredi, au moins cinq déplacés ont été tués dans leur camp lors d'une fusillade provoquée par des hommes en armes, vraisemblablement des miliciens pro-gouvernementaux, venus piller les stocks de nourriture du Programme alimentaire mondial. Le président somalien a vivement condamné cet incident, mettant sur un pied d'égalité les pilleurs et les shebab. «Nous avons deux ennemis à combattre, les shebab d'un côté, et de l'autre, ceux qui tentent de voler la population», a-t-il affirmé. «Nous ne tolèrerons pas le pillage et quiconque sera surpris en train de commettre un tel crime sera traduit en justice», a-t-il averti.