La force publique est, encore une fois, intervenue Le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs traitera aujourd'hui l'affaire de ce chantier. Les habitants de la cité Bois des Pins (Hydra), à Alger, n'oublieront pas de sitôt les scènes de violence qu'ils ont vécues, hier, matin. Des affrontements violents ont, en effet, éclaté entre habitants et forces de l'ordre dès les premières heures de la matinée, faisant des dizaines de blessés dans les deux camps. Les habitants ont tenté d'empêcher la reprise des travaux du parking érigé dans un espace vert. Les forces de l'ordre sont depuis plusieurs semaines présentes sur les lieux pour sécuriser et assurer la continuité du chantier. «Ils nous ont attaqués à 6h du matin et nous ont réveillés», témoigne une dame. A 11h du matin, les traces des affrontements sont visibles. Les policiers occupent toute la cité pour parer à toute éventualité. Des bris de verre, des pierres jonchant le sol, de la fumée qui se dégage des objets brûlés, des barricades, des douilles de balles, tel est le décor. «Voyez comme ils occupent notre bâtiment, nous sommes dans le pays de la hogra», crie une autre dame. Cette dernière regrette le traumatisme causé notamment aux enfants et aux femmes qui vivent, malgré eux, de telles scènes. Les habitants de cette cité, qui ignorent encore les tenants et aboutissants de cette affaire, se posent plusieurs questions. Qui est derrière le projet? Pourquoi raser un espace vert qui appartient aux habitants en dépit de la clarté de la loi qui interdit de tels actes? En pointant du doigt les éléments des forces antiémeute, un habitant nous accoste: «Qui sont-elles en train de protéger?» (les forces de l'ordre, Ndlr). Ce que les habitants contestent le plus, c'est l'implantation du parking dans un jardin qui abrite des arbres centenaires. Ce jardin est plus que symbolique pour eux. «C'est une partie de notre vie qu'ils viennent d'assassiner», lance un vieux. La moudjahida Louisette Ighil Ahriz, qui était sur les lieux pour soutenir la cause des citoyens, s'en est prise à ceux qui sont derrière le projet. «Ils veulent priver les citoyens de la dernière bouteille d'oxygène», a-t-elle déclaré à L'Expression. Deux autres moudjahidate étaient également sur place, il s'agit de Zoulikha Bekadour et Fetouma Ouzegane. Ce projet qui concerne officiellement un parking automobile cache un autre projet d'un centre commercial, selon les habitants. Mme Ighil Ahriz sait pertinemment que les initiateurs courent derrière l'argent en massacrant des arbres centenaires pour construire un espace commercial. Pour dénoncer ce fait, elle récite ce proverbe indien significatif à plus d'un titre: «Quand on arrache le dernier arbre, quand on pêche le dernier poisson, quand on pollue la dernière goutte d'eau, l'homme s'apercevra que l'argent n'est pas comestible». Une manière de dénoncer l'arrachage des arbres centenaires. Dans l'après-midi, la tension était toujours à son comble. Les habitants jurent que le chantier n'aboutira pas et que ses commanditaires seront démasqués. Mais en attendant, le tribunal administratif de Bir Mourad Raïs traitera aujourd'hui l'affaire de ce chantier. Les habitants ont déposé une plainte en référé auprès de cette juridiction contre la wilaya d'Alger et la mairie d'Hydra pour demander l'arrêt des travaux.