Le parti serait-il dépassé par l'accélération de la course à la présidentielle? Sa récente déclaration le laisse supposer. Le conseil national du Front des forces socialistes s'est réuni, le week-end dernier à Alger, en session ordinaire. A l'issue de ses travaux qui ont duré deux jours, il a adopté une déclaration virulente contre la politique socio-économique actuelle des pouvoirs publics, notamment celle que compte appliquer l'actuel Chef du gouvernement, M.Ahmed Ouyahia, désigné à ce poste en mai dernier. Dans ce document, qui est plus un réquisitoire qu'une déclaration d'analyse politique rigoureuse de la situation du pays, le parti d'Aït Ahmed considère que «notre pays traverse la période la plus cruciale de son histoire. La situation comporte des risques d'explosion à grande échelle, la gestion des affaires du pays est réduite à un jeu de sérail, à un cafouillage institutionnel et dont les conséquences peuvent compromettre l'avenir de la nation.» Analysant d'abord la vie politique ou plutôt politicienne du pays, la déclaration du conseil national du FFS estime que «sur le plan politique, l'état des lieux est effrayant, la dégradation s'aggrave dans tous les domaines de la vie quotidienne des citoyennes et des citoyens». Le document ne voit dans l'agitation partisane de ces derniers mois, qu'un «semblant de vie politique toléré par les architectes et les entrepreneurs du projet de normalisation de la société, se limitant à des actions d'agitation électoraliste, à l'intérieur des partis-appareils qui servent de caisses de résonance et d'instruments de médiation clientélistes le compte des détenteurs du pouvoir réel, les véritables faiseurs de rois». L'allusion au feuilleton FLN- ministère de l'Intérieur est clairement sous-entendue. Evoquant la crise de la Kabylie, l'instance du FFS ne voit dans les récentes initiatives de l'Exécutif que «des manoeuvres dilatoires du pouvoir pour pousser au pourrissement (cette crise), son entêtement à vouloir imposer une représentation politique rétrograde et populiste à la région aux traditions démocratiques millénaires (...)». Quant aux volets économique et social de la situation du pays, il est analysé non pas au niveau des causes et des origines de la dégradation mais simplement par des constats relatifs aux conséquences sur la population de la politique socio-économique poursuivie par les gouvernants. Ainsi, pour le FFS «les réformes successives et les programmes de relance n'ont généré aucune amélioration dans le vécu des citoyens». Bien au contraire, le document de ce parti ne voit dans les paramètres macroéconomiques présentés comme positifs par les différents Exécutifs de ces dernières années que ce qu'il appelle «une économie spéculative au profit des réseaux maffieux qui gangrènent les rouages de l'Etat, qui continuent à piller impunément les richesses du pays, à bâtir des empires financiers sur les ruines des travailleurs et de la société». Aussi, tout en dénonçant ce qu'elle appelle «la persistance des violations des droits de l'Homme, du droit aux manifestations et à l'expression», la déclaration du FFS mentionne que ce parti reste toujours «attaché à une solution politique nationale et globale (...) à travers une transition démocratique négociée...» Cependant, pour une fois le parti d'Aït Ahmed, qui a pour tradition d'organiser un point de presse après chaque réunion de son conseil national, ne l'a pas fait pour cette session Peut-être que sa réplique à la politique gouvernementale vient un peu tardivement. Les enjeux étant ailleurs et les courants contradictoires qui traversent cette formation ne sont plus un secret pour personne.