La télémédecine, une première en Algérie C'est parti: la télémédecine envahit enfin l'univers médical algérien. Une première pour les populations du Grand-Sud. Guider, à distance, une équipe médicale en l'assistant en temps réel, dans une intervention chirurgicale délicate ou le dépistage et le traitement de certaines maladies, n'est plus mission impossible. Depuis jeudi, l'Algérie s'est dotée de cette technologie grâce au lancement de l'opération de télémédecine entre le CHU de Bab el Oued et l'établissement de proximité hospitalier de Laghouat. Une première qui concrétise dans les faits, l'accord de coopération conclu entre le ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière et celui de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication. C'est à partir de l'ancienne chapelle de l'hôpital Henri-Maillot qui fait, aujourd'hui, office de bibliothèque que les trois coups de cette opération pilote ont été donnés en présence de Djamel Ould Abbès et Moussa Benhamadi et de nombreux médecins et invités. Présidant la cérémonie, le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, dans son discours inaugural, a tenu d'abord, à remercier son collègue ministre et les services spécialisés de son département pour toute l'aide qu'ils ont apportée pour assurer le démarrage de cette opération avant de s'adresser au corps médical pour le remercier à son tour, pour le noble travail qu'il fait. Evoquant l'Algérie profonde qu'il assimile à un vaste continent, de ses immensités désertiques et les longues distances qui pénalisent les populations du Grand-Sud, le docteur Djamel Ould Abbès est catégorique. «Ce n'est pas en affectant des spécialistes que l'on viendra à bout de toutes les pathologies dont souffrent les populations éloignées mais en corrigeant certaines inégalités à travers la mise en place d'un dispositif destiné à assurer une meilleure prise en charge aux malades.» L'introduction de la télémédecine dans l'univers médical algérien constitue une sérieuse avancée. Selon lui, l'opération de télémédecine sera étendue au CHU de la région Nord et 14 EPH du Sud. «D'ici janvier, cinq nouveaux CHU et quatorze établissements hospitaliers de proximité bénéficieront de cette haute technologie», a-t-il précisé. Lui emboîtant le pas, le ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, a indiqué, pour sa part, que «cette première opération consiste en la mise en place d'équipements spécialisés au profit des malades». Moussa Benhamadi s'est ensuite adressé au corps médical qui doit s'impliquer encore plus pour assurer la pérennité de cette opération de façon à ce que les centres hospitaliers universitaires du Nord soient connectés aux EPH du Sud. Pour Moussa Benhamadi, «ces équipements peuvent être utilisés pour des échanges d'expériences entre médecins, pour la formation, la recherche et le dépistage et le traitement de certaines maladies». La télémédecine n'est plus la propriété des seuls pays nantis. «Nous n'avons pas à rougir de ce qui se fait ailleurs, l'Algérie possède les ressources et les compétences nécessaires pour aller encore plus loin et progresser», a-t-il encore déclaré. Intervenant depuis Laghouat, le premier responsable de la wilaya considère que «la télémédecine est une réalisation extraordinaire qui aura un impact certain sur la région et sur la prise en charge des malades». La télémédecine permet de dépasser les barrières géographiques et traiter, à distance, certaines maladies. Selon le directeur du CHU de Bab El Oued, «l'acquisition de ce nouveau moyen d'exploration permet de lever les barrières géographiques et facilite la surveillance médicale à distance et les expertises.» Et d'ajouter: «La télémédecine est une science qui doit s'adapter à l'évolution technologique». C'est dans une ambiance bon enfant que le premier médecin intervenant depuis Laghouat s'est adressé à ses confrères d'Alger pour leur faire part de ce patient atteint du syndrome de Bud Chiari. Après avoir brossé un tableau du patient en précisant son nom, prénom, âge et sa situation familiale et présenté son dossier médical et les analyses qui ont été effectuées sur lui depuis son admission à l'hôpital, il a sollicité l'aide des spécialistes et leurs conseils. Le second malade est atteint de brucellulose. Grâce à la télémédecine, les présents ont pu voir, en direct le patient et un gros plan de sa main malade. Une dizaine de malades ont été passés en revue, en tout, par leur médecins traitants qui ont bénéficié des nombreux conseils que n'ont pas manqué de leur prodiguer les spécialistes à partir du CHU de Bab El Oued, devenu l'espace d'une matinée, le centre de contrôle de la télémedecine qui explore la vaste contrée de Laghouat.