Le porte-avions Charles de Gaulle Une majorité de Français (51%) est contre l'intervention française tandis que des voix s'élèvent dans les rangs du président français pour soutenir que cette guerre n'est pas la leur. «Cessons de nous mêler d'une guerre qui ne nous concerne pas!», a déclaré l'ancienne secrétaire d'Etat à la francophonie Margie Sudre, qui s'est rendue à Tripoli, la semaine dernière, en compagnie d'anciens parlementaires français. Nicolas Sarkozy ne l'entend pas de cette oreille. Il s'entête et veut faire tomber le colonel libyen coûte que coûte. Il en a fait pratiquement une affaire personnelle. Pourquoi le président de la République française a-t-il la dent aussi dure contre le dirigeant libyen à qui il avait pourtant déroulé le tapis rouge, il n'y a pas si longtemps, au mois de décembre 2007? A cette occasion, Nicolas Sarkozy avait annoncé la signature de contrats juteux, pour une valeur «d'une dizaine de milliers d'euros». Mouamar El Gueddafi n'a apparemment promis que du vent. Le président français a-t-il été roulé dans la farine? Le comportement de Sarkozy tend à l'indiquer. De surcroit, la France s'est sentie humiliée par le dirigeant libyen qui s'est comporté en terrain conquis. «Lors de sa visite mardi à l'Assemblée nationale, il a imposé que le palais Bourbon soit partiellement interdit aux journalistes. Bousculant tous les usages diplomatiques, il s'est offert subitement une petite promenade en bateau-mouche sur la Seine...», avait rapporté sur son site, le 13 décembre 2007, 20 minutes.fr. El Gueddafi s'est même permis le luxe, à l'occasion de cette visite qualifiée d'historique, d'écorner l'image de la patrie des droits de l'homme en déclarant sur France24 que la démocratie était plus avancée dans son pays! Un crime de lèse-majesté? Le chef de l'Etat français, qui n'a pas commenté cette désobligeante déclaration, a, en tous les cas, encaissé le coup. Il attendra près de quatre ans pour porter à son tour l'estocade. La France à la tête d'une coalition bombarde sans répit le territoire libyen depuis le 19 mars 2011. D'anciens élus français, qui se sont rendus à Tripoli la semaine dernière, demandent le retrait des forces militaires françaises engagées en Libye. Pour toute réponse, le locataire de l'Elysée a promis d'intensifier les bombardements contre le régime du guide de la Jamahiriya. La France va «maintenir son effort contre le régime du colonel Mouamar Kadhafi, grâce au repositionnement de son armée de l'air en Sicile et en Crète», a annoncé vendredi Nicolas Sarkozy qui compte mener sa mission jusqu'au bout: se payer la tête d'El Gueddafi. Comme s'il s'agissait d'un règlement de comptes. A cet effet, le président français annonce la couleur. «Notre effort militaire va demeurer constant... Notre volonté ne faiblira pas. Nous n'en avons pas le choix et nous n'en avons pas le droit. Nous sommes engagés dans la défense du peuple libyen...qui a droit à la liberté après 41 ans de dictature». Il est tout de même étrange que le président français ne découvre qu'en 2011 que le peuple libyen ait vécu sous la dictature pendant près d'un demi-siècle, après avoir accueilli son guide avec les honneurs dus à un homme d'Etat il y a un peu plus de trois ans et demi. Le peuple libyen est-il réellement en danger pour que Nicolas Sarkozy se fasse son ardent défenseur? Les victimes civiles sont pourtant plus nombreuses depuis qu'un déluge de feu s'est abattu sur certaines villes dont Tripoli qui demeure la cible privilégiée des coalisés. Des voix s'élèvent dans les rangs du chef de l'Etat français pour tenter de s'opposer à cette agression. «Je considère que la communauté internationale a outrepassé le mandat de l'ONU. Il ne s'agit plus de défendre les populations civiles mais de les attaquer...», a fait remarquer l'ancienne députée européenne, Margie Sudre. «Nous avons été contactés par une ONG libyenne pour mieux nous rendre compte de la situation dans le pays, raconte-t-elle. Nous sommes arrivés en avion à Djerba, en Tunisie, puis nous avons roulé quatre heures en direction de Tripoli. Là, nous avons rencontré des familles de civils bombardés par la coalition et constaté que des dépôts de nourriture avaient été touchés. Kadhafi était au courant de notre présence, mais nous ne l'avons pas vu certainement pour des raisons de sécurité», a indiqué l'ex-présidente de la délégation des députés européens UMP, sur le site du Parisien. D'autre part, Nicolas Sarkozy, qui compte renouveler son bail à l'Elysée en 2012, prendra-t-il le risque d'ignorer l'opinion française sur cette question? Selon un sondage Ifop pour le quotidien L'Humanité, 51% des Français désapprouvent l'intervention militaire en Libye. Des voix qui peuvent coûter très cher dans huit mois.